Jusqu'à la bête de Timothée Demeillers et maintenant Steak Machine de Geoffrey Le Guilcher, cette rentrée littéraire 2017 est décidément celle des infiltrations dans les abattoirs, infiltrations romancées ou pas. Alors que Timothée Demeillers prit le pari, dans son roman, de raconter (et d'imaginer) le quotidien des employés d'un abattoir près d'Angers, Geoffrey Le Guilcher, pour sa part, a opté pour le contre-pied : plutôt que de romancer la chose, autant la vivre au plus près. Résultat : Steak Machine, le récit-vrai du quotidien des employés d'un abattoir breton, le récit-vrai de l'expérience d'un journaliste devenu maillon d'une chaîne où périssent chaque jour des centaines et des centaines d'animaux..
Voyage en terre inconnue
La rencontre de ces hommes et ces femmes à qui la chaîne d'abattage n'évite rien, le récit de ces animaux à peine étourdis et déjà découpés, l'explication des différentes réglementations en vigueur et tellement loin des réalités de terrain, et tellement d'autres choses encore ... Geoffrey Le Guilcher ne pardonne rien au lecteur. Tout est dit, raconté, avec précision et moult explications. Aucune place n'est laissée à la romance et l'invention. Du vécu posé sur papier, rien que ça. Une immersion que l'on vit pleinement dans ces quelques 160 pages. L'intention ici n'est pas d'éloigner le lecteur de toute velléité carnivore, comme on pourrait le croire dans le brillant No Steak d'Aymeric Caron. Geoffrey Le Guilcher fait simplement vivre au lecteur ce qu'est un abattoir, de l'intérieur, sans fard. Ni plus, ni moins.
La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/2017/10/22/steak-machine-de-geoffrey-le-guilcher-dis-moi-ce-que-tu-manges-je-te-dirai-qui-tu-tues/