Le plus difficile, dans un récit à hauteur d'enfant, est de ne pas céder à la tentation d'employer un vocabulaire trop sophistiqué et à une vision des choses un peu trop clairvoyante pour l'âge présumée de la narratrice. De ce point de vue-là, dans Scènes villageoises sans cochon, Željka Horvat Čeč réussit parfaitement à nous faire ressentir ses sentiments de fillette, dans la Croatie en guerre, sans que l'exercice de mémoire ne paraisse feint ou outrancier. Les chapitres sont très courts et sont imprégnés d'un humour subtil dans la description de l'existence de Željka, entre sa famille, l'école, les garçons, l'hôpital, où elle e beaucoup de temps, la guerre, faussement lointaine, les voisins et le monde telle que le perçoit cette gamine intelligente mais fragile. Ce sont de petites vignettes pittoresques que nous offre la romancière, très personnelles, qui rendent le livre touchant dans sa modestie mais qui aurait peut-être pu marquer une plus grande ambition, notamment dans sa construction, pour s'imprimer plus durablement. Quoi qu'il en soit, il n'y a effectivement pas de cochon dans le livre et c'est peut-être un peu dommage.