Baptiste est apprenti comédien. Il suit des cours de théâtre au très célébrissime Cours Florent et en parallèle est ouvreur dans un théâtre parisien, le Montparnasse. En qualité de futur comédien, il tente de se sortir de son lourd é, avec sa mère, qu'il ne mentionne qu'avec le pronom « Elle » et qu'il qualifie comme un monstre.
Le roman semble vouloir être une entrée dans le monde feutré du théâtre : j'ai appris pas mal de choses sur les coulisses et sur les Cours Florent. La jeunesse de Baptiste donne un aperçu facile à comprendre, face à une certaine naïveté du personnage. Il faut dire que les lecteurs qui cherchent avant tout à suivre un personnage torturé pourrait être déçu, dans le sens où la grande majorité du roman ne présente que cette entrée dans le monde du théâtre, et non sur le lourd é du personnage.
Pourtant, dès le départ, le roman nous fait comprendre combien il est angoissé, pris de panique lors de situations particulièrement stressantes. Et cela se manifeste par des nausées, voire des vomissements. Et j'avoue que cette entrée en matière me faisait penser que c'était bien cet aspect-là qui serait abordé. Non que je recherche nécessairement du pathos dans mes lectures mais ce roman m'a laissé sur ma faim, dans le sens où, mis à part cette entrée dans le monde de la comédie, il n'y a finalement pas d'intrigue. le personnage principal me semble être complétement spectateur de sa vie, se laisse porter par les autres et manque cruellement de personnalité. On pourrait facilement l'expliquer par ses nombreux traumas mais en réalité, je n'ai pas trouvé de véritable lien entre le présent et le é. Si bien que quand le narrateur nous fait vivre son présent, on a l'impression qu'il est différent, qu'il n'a pas de problème personnel, d'autant plus qu'il blague souvent avec des jeux de mots par exemple (mais j'y reviendrai après).
L'enjeu du roman est justement de faire le parallèle entre son présent et son é, comme une sorte d'exutoire pour tenter de tourner la page et de se lancer dans son projet professionnel, somme toute ambitieuse mais ô combien épanouissante. Et ce é, que le narrateur tente non pas d'oublier, mais de vivre avec, aurait dû être davantage expliqué. On e à des scènes particulièrement éloquentes, notamment celle chez le psychologue, en termes de violences, plus que révoltantes, sur lesquelles, au-delà du dégoût que cela m'a procuré, m'est é complètement à côté, du fait du peu d'empathie que j'avais envers lui. En réalité, la violence qu'il a subie pendant son enfance est évoquée d'une manière brute de pomme : le age chez le psy aurait selon moi dû être davantage faire l'objet de pages sur le ressenti de Baptiste : j'ai eu une impression d'une scène survolée, et qui aurait dû être un tournant de l'histoire. L'usage de la première personne du singulier aurait dû être l'occasion de nous fournir davantage d'émotions, ou de réflexions personnelles sur ses angoisses.
L'écriture de l'auteur est fluide, se lit facilement, mais je dois avouer que les notes d'humour m'ont parue maladroites, quelques fois méprisantes envers certaines personnes, qui ne le méritaient pas forcément : on sent la jeunesse du narrateur/auteur. D'ailleurs, spéciale dédicace aux habitants du 15ème arrondissement de Paris et aux habitants de la Creuse qui se prennent tous des balles perdues, la « campagne » du 13ème arrondissement comparée à celle de Zemmour, aux habitants du Nord, et autres surprises. J'ai d'autres griefs envers ce roman, comme les dialogues à la limite du caricatural et les relations entre les personnages sont survolées là encore, et auraient méritées d'être davantage expliquées, de sorte à ce que le lecteur s'attache à l'un ou l'autre des personnages.
En bref, j'ai eu beaucoup de difficulté à terminer ce livre qui m'a agacé à de nombreuses reprises.
Néanmoins, au-delà de ces points négatifs, je constate que d'autres lecteurs ont apprécié cette lecture : ce ne fut pas mon cas. Je suis sûre qu'il trouvera son public.
Je remercie Netgalley et les éditions Fayard pour cette lecture.