Retour de lecture sur “Rosa Candida”, le troisième roman de l’écrivaine islandaise Audur Ava Ólafsdóttir, qui a été publié dans sa version originale en 2007. Ce roman dont l’écriture est d’une très grande douceur, nous invite à suivre le voyage initiatique de Arnljótur, surnommé Lobbi par son père. Ce jeune homme de 22 ans a perdu sa mère quelques années auparavant dans un accident de voiture et vit avec son père octogénaire et son frère autiste. Il décide de quitter son Islande natale, glacée et volcanique, pour redonner vie à une roseraie à l’abandon dans un monastère, quelque part dans un autre pays qui n’est jamais nommé. ionné de botanique grâce à sa mère, Il emporte avec lui quelques boutures d’une espèce rare de roses, sans épines et à huit pétales, et une photo de Flora Sol sa fille, âgée de quelques mois, conçue lors d’une relation sans lendemain, dans la serre familiale, avec Anna, l’amie d’un ami.
On suit le parcours de Lobby, lors de son voyage, de ses rencontres, puis dans son travail au monastère. Très vite, il se lie d’amitié avec un moine, ionné de cinéma, qui lui fait découvrir des films, des classiques, en rapport à ses propres questionnements sur la vie, sur des thématiques qu’ils abordent lors de leurs discussions, comme l’amour, la mort et plus surprenant, la cuisine. Un beau jour, débarquent dans sa paisible retraite Anna et Flora Sol... La jeune maman voudrait confier à Lobbi leur petite fille, le temps pour elle d'achever son mémoire sur la génétique.
C’est un livre qui démarre très lentement, on ne sait pas trop où l’auteure veut nous emmener, on s'ennuirait presque au début, mais ce voyage littéraire est d’une très grande douceur et reste toujours très agréable. Après le premier tiers, ce roman prend beaucoup plus de consistance et c’est petit à petit, avec une infinie délicatesse, que l’auteure nous emmène vers des choses plus graves, qui nous touchent tous, qu’elle nous parle du sens de la vie, de la mort, de l'absence. A travers son personnage de jeune adulte, elle aborde les relations familiales, la différence, la sexualité, et d’une manière plus globale, la difficulté de grandir et de trouver sa place dans la société. Lorsque débarque sa fille, accompagnée de sa mère, Lobbi découvre la vie de couple, ce que c’est d’avoir un enfant, de s’en occuper, de s’y attacher. On l’accompagne ainsi dans ses réflexions pleines d’une tendre naïveté, mais sincères et touchantes, sur la paternité et le couple.
L’écriture est très belle, délicate, avec beaucoup d’humour, de sensibilité et de tendresse. C’est très poétique, avec un côté très lent et contemplatif. On peut noter que l’auteure, tout en étant une femme, réussi parfaitement à se mettre dans la peau d’un homme et rendre cette narration tout ce qu’il y a de plus crédible. J’ai aussi beaucoup aimé l'ambiance de ce roman. Avec ce monastère, les différentes visites de Lobbi dans l’église du village et les discussions avec son ami moine. Celle- ci a une teinte très religieuse. La rose, omniprésente tout au long du roman et symbole de l’innocence et de l’amour, illumine ce roman et on a des moments de grâce extrême comme ce rayon de soleil qui transperce un vitrail en forme de rosaire pour toucher la joue de Flora Sol. On s’attache beaucoup au personnage principal, ce jeune père très candide, qui réfléchit beaucoup pour essayer de faire au mieux et qui se laisse guider par la vie, par ses sentiments, pour finalement trouver son chemin. C'est pour conclure, un très beau roman, tout en subtilité, lumineux, et surtout d’une douceur extrême. Un petit moment de bonheur simple.
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“ Lorsque la jeune fille aux cheveux brillants pose doucement la main sur mon ventre, je remarque qu’elle porte une barrette verte en forme de papillon. La femme qui s’occupe de moi au dernier quart d’heure de ma vie a dans sa chevelure le symbole de la vie future. Les boutures de rosier ne survivront pas sans eau, c’est pourquoi je me redresse en appui sur un coude et désigne le sac à dos. “