Résurrection par Pierre André
Voici le dernier grand roman de Tolstoï, mais aussi, malheureusement, l’un des moins connus.
Ce fut une vraie claque, et cela d’autant plus lorsque j’ai parcouru les critiques et commentaires qui le qualifient souvent de roman secondaire de Tolstoï, qui n’est pas digne d’un « la Guerre et la Paix » ou d’un « Anna Karénine ». Or je l’ai trouvé supérieur à « Anna Karénine » et il n’a rien à envier à « La Guerre et la paix » dont, certes il est profondément différent.
Ces critiques le disent moraliste, qu’il est loin du style des premiers romans. Or je trouve que le style y est aussi remarquable et peut-être encore plus car on sent le Tolstoi qui lutte en lui-même entre son réflexe romanesque des premiers romans (qu'on retrouve lors de la messe de Pâques) et sa volonté de ne présenter que les faits et la vérité, d'où une tentative d'épuration du style.
Ce roman, en effet, mène une profonde réflexion (ce que certains lui reprochent donc, en le qualifiant de moraliste) sur la justice, le sens de la vie mais sans aborder la religion. Contrairement à Dostoievski Tolstoi se focalise plus sur l'action des hommes sur Terre et non après la mort. Dostoievski met en avant la grandeur de la religion orthodoxe, Tolstoi lui s'arrête aux leçons des Evangiles, presque en dehors de toute religion, ou en tout cas de toute institution.
En effet, Tolstoï s’interroge sur les fondements de nos sociétés, leur fonctionnement, leur justice. Il remet tout à plat, et il fonde tout son raisonnement sur enseignements du Nouveau Testament. C’est en cela que la morale jaillit, mais celle-ci n’amoindrit en rien ce roman et même le renforce.
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