Parfois, quelques phrases suffisent à montrer qu'un écrivain a de la classe. Voici pour ce bouquin. Ça commence (en gros) comme ça :
Ainsi, après avoir perdu l'espoir de me croire intelligent ou ionné, il me reste celui, moins présomptueux, de me savoir sincère. C'est d'ailleurs pour cette raison précise que j'ai commencé à rédiger ces notes.
Et ça, c'est le genre de petite musique qui m'intrigue.
Et puis quelque part au milieu du livre, il y a ça, et c'est quand même un coup de tonnerre diaboliquement feutré :
Parfois, je me suis demandé d'où pouvait bien te venir cette façon tordue de vivre ta vie, qui te rend aussi séduisant que repoussant.
Qu'en pensez-vous ?
A part ça, c'est toujours agréable de découvrir un nouvel écrivain. Mario Benedetti est uruguayen et ceci est son premier roman, commis à l'âge de trente-ans, ce qui a l'avantage de ne pas être trop intimidant. Son titre original a été égratigné par son éditeur, mais la toute dernière couverture dans la collection "Les grands romans" est plutôt inspirée, un point partout, balle au centre, donc.
Il s'agit de l'histoire banal d'un trio amoureux, dans lequel une femme abandonne son mari pour un amant plus imposant. C'est le mari en question qui a jeté sa femme dans les bras de cet homme, un bon ami à lui, au age. Leurs relations sont inextricables et troubles, comme toutes les relations complexes entre les êtres humains. La morale, terriblement pessimiste de cette histoire, est peut-être celle-ci : dès qu'on y regarde de plus près, c'est tellement répugnant, l'amour...
A quand une autre traduction en français de cet écrivain si prometteur ?