Lorsque l'on pense à Notre-Dame, au bossu ou à Esmeralda, l’œuvre qui nous vient bien souvent en premier à l'esprit n'est pas le livre de Victor Hugo, mais Le Bossu de Notre-Dame, long-métrage d'animation des studios Disney. Jeune public oblige, cette version édulcorée s'affranchit dans la gaieté de l'ambiance gothique et poisseuse du livre d'Hugo, Notre-Dame de Paris.
En cette fin du XVe siècle, Paris déborde de toute part, submergeant chaque nouvelles démarcations tracées par les rois. Au sein de cet agrégat, la cathédrale de Notre-Dame de Paris surplombe fièrement la cité. Dans ce monument, on retrouve un duo discordant : l'archidiacre Claude Frollo et le sonneur de cloches Quasimodo. La quiétude de ces personnages va subitement être bouleversée par l’arrivé sur le parvis de la cathédrale d'une bohémienne resplendissante, la Esmeralda.
Le récit est un méli-mélo d'histoires d'amour impossibles, que ce soit à cause de la caste (la bohémienne Esmeralda et le gentilhomme Phoebus), la beauté (le bossu Quasimodo et la belle Esmeralda) ou la bonté (le froid Frollo et la joyeuse Esmeralda). Le désamour est ici tragique, catalysant les évènements les plus sombres du récit d'Hugo, catapultant les protagonistes vers leur destinée.
La lecture de ce roman peut s'avérer fastidieuse pour certains ages. La cathédrale, clé de voûte de l'histoire dont Quasimodo serait une sorte d'excroissance vivante, est le point de départ d'une description détaillée du Paris médiéval entreprise par l'écrivain. Les notes de bas de page sont souvent d'un grand secours pour la compréhension linguistique, mais aussi pour replacer le lecteur dans le contexte de l'époque, que ce soit celle du récit ou de l'écriture du roman en 1830.
Le récit de 700 pages écrit en l'espace de seulement cinq mois, aborde également quelques thèmes chers à Hugo, comme le délabrement des monuments parisiens ou l'abolition de la peine de mort. Œuvre au vocabulaire d'une richesse colossale, Notre-Dame de Paris est une incroyable tragédie s'ancrant dans un Paris gothique où l'ombre menaçante de la potence fait jeu égal avec celle de la relative bienveillante cathédrale.