Il aura fallu huit ans à Gabriel Tallent pour écrire My Absolute Darling, son premier roman. Immédiatement plébiscité par la presse américaine, le roman est succès. Edité en par les éditions Gallmeister, François Busnel de La Grande Librairie le met également sous le feu des projecteurs. Et pour cause, My Absolute Darling, c’est ce genre de livres qu’on ne lit que peu souvent, qui prend aux tripes dès les premières lignes et broie les boyaux jusqu’aux derniers instants. Un chef d’oeuvre, souffle-t-on…
My Absolute Darling parle avant tout de la relation terrible entre un père et sa fille. Là où l’auteur aurait simplement pu décrire l’horreur de ce genre de situation, il décide d’aller plus loin encore dans le propos et tisse une liaison ambiguë, mêlée d’amour et de haine, qui ne peut que dérouter, diviser et déranger le lecteur. Il le repousse dans ses retranchements afin de dévoiler toute la complexité de la nature humaine, toute son ambivalence et traiter le mal comme faisant partie d’un tout, et non pas seulement le réduire à une définition manichéenne.
Car voilà, le livre peint le portrait de Turtle, jeune fille de 14 ans, et de Martin, son père, qui s’aiment, qui s’aiment vraiment et qui se haïssent tout autant, car ils sont entamé une relation violente et incestueuse. Martin se déteste. Et Turtle le maudit tout autant qu’elle-même de consentir.
De façon sous-jacente, le roman aborde également de nombreuses thématiques. C’est un récit féministe dans lequel Turtle se bat pour devenir la femme qu’elle voudrait être, en tentant de fuir l’étau écrasant de son père. C’est aussi un plaidoyer contre le ravage des armes dans un pays dans lequel elles sont toujours autorisées et qui subit constamment ses méfaits. On y perçoit par ailleurs la relation entre l’Homme et la Nature et cette éternelle lutte entre vie sauvage et civilisation, que Martin rejette.
Livre coup de poing duquel on ne se ressort pas indemne, My Absolute Darling ravage littéralement à chaque page par la force de ses propos, l’incroyable beauté des mots et son inable vérité.