Sous ses airs de petit roman sans prétention, Mr Vertigo fourmille de thèmes divers et variés sur fond d'Amérique du XXème siècle. Écrit sous forme de l'autobiographie de Walt, son personnage principal, nous suivons ici un parcours initiatique fantastique.
Le premier thème qui saute aux yeux est évidemment la relation fils - père. Un père capable de tout, sévère, impitoyable afin de révéler le meilleur du fils (même adoptif), mais aimant. On ne peut s'empêcher durant toute la lecture de repenser à cette image du père en guide ultime dans les yeux d'un enfant. La fin est à ce niveau magnifique avec cette réflexion : et si c'était possible sans être aussi dur avec un enfant ?
Ceci est d'autant plus vrai que les personnages sont réellement attachants, parfaitement maîtrisés par Auster, avec une évolution en douceur et parfaitement crédible. Bref, on les aime ses personnages, on en veut plus à chaque page.
De nombreux thèmes s'ensuivent comme la violence, le racisme, l'argent, etc, etc... Mais là n'est peut-être pas le principal en y réfléchissant. Ce que j'ai noté et remarqué de façon assez forte est la perte de fantastique au gré des époques. Peu à peu, on glisse du surnaturel à une vie banale, permettant de se sustenter ou, dans le meilleur des cas de faire fortune. Mais Le Prodige n'est plus, comme si, avec le temps, la magie disparaissait. Quand je perle de temps, ce n'est pas l'âge mais l'époque. Que reste-t-il aujourd'hui des grandes découvertes du XXème siècle ? Sommes-nous toujours émerveillés par le nouveau ? Non, au contraire !! Quand un Lindberg déplaçait les foules pour avoir traversé l'Atlantique, quand un Walt le Prodige déchaînait les ions et les premières pages des quotidiens, quel regard avons nous sur les exploits modernes ? A peine les notons-nous au milieu de nos tracasseries quotidiennes de pouvoir d'achat...
Pour revenir au livre, la traduction de ce roman est bien ficelée, correcte, sans être une grande littérature. Est-ce d'ailleurs la traduction qui m'a donné une impression d'inachevé (surtout sur la fin) et d'impersonnalité ? Car c'est bien là ce que je reproche à ce livre, un manque de profondeur dans l'écriture et, au final, dans le scénario. Autant de thèmes à aborder, mais juste survolés, comme Walt au dessus d'un étang...