Mort d'un personnage est le roman atypique de Jean Giono.
Un récit si loin de son originalité habituelle. Quand il met la nature au centre de son propos.
Et pourtant si proche de l'humanité qui le caractérise.
Si loin
Le format reste dans les standards de l'auteur (130 pages) mais le continu est bien différent.
En 1948, la seconde guerre mondiale est ée par là.
Avec elle, Giono plus que quiconque y rencontrera la désespérance mais aussi sa part obscure (son pacifisme et la réutilisation de son oeuvre par Vichy lui valent d'être accusé de "collaborationnisme").
Est-ce le choc qui l'emmène vers un autre cycle (Le Hussard) ?
Toujours est-il que la figure rurale n'y est pas évoquée, ou si peu.
Elle est quittée, vendue, lieu de mort.
Les ruelles des Marseille sont le nouveau théâtre du récit de Giono.
Point de nature violente (Colline) ou de messie mystique (Que ma joie demeure).
La protagoniste est la grand-mère.
Celle que le petit-fils Pardi aime et dont il vient prendre soin au crépuscule de sa vie.
Si proche
C'est dans Mort d'un personnage, plus que dans n'importe quel ouvrage, que Jean Giono nous livre tout son amour.
Une manière pour lui de réinventer le traitement thématique de la vie et la mort.
Lire le roman pourrait être vertueux pour tous ceux qui accompagnent leurs parents ou grands-parents dans la fin de leurs existences terriennes.
En tout cas, pour moi, je parie que cela le sera.
Le roman conserve également, comme l'ensemble de l'oeuvre de l'écrivain, des tournures radicales, brutes, excrémentielles.
Ici pour décrire une seule être. Pour mieux la faire respecter.
Pour mieux la faire aimer.
Au final, c'est aussi un regard bienveillant que l'on portera volontiers, comme l'auteur, sur le petit-fils et le fils.
En somme, Mort d'un personnage est un roman d'amour intergénérationnel.
Dédié à ceux qui, sans concession, reçoivent et donnent.