Martin Eden
8.6
Martin Eden

livre de Jack London (1909)

Martin Eden par HENRI MESQUIDA

Martin Eden, un marin de vingt ans issu des quartiers pauvres d’Oakland, décide de se cultiver pour faire la conquête d’une jeune bourgeoise. Il se met à écrire, et devient un auteur à succès. Mais l’embourgeoisement ne lui réussit pas… Désabusé, il part pour les îles du Pacifique. Ce magnifique roman paru en 1909, le plus riche et le plus personnel de l’auteur, raconte la découverte d’une vocation, entre exaltation et mélancolie. Car la réussite de l’œuvre met en péril l’identité de l’écrivain. Comment survivre à la gloire, et l’unir à l’amour, sans se perdre soi-même ? Telle est la quête de Martin Eden, le marin qui désire éperdument la littérature.


Toute l'œuvre de London a un contenu autobiographique marqué, qui est accentué dans ce texte. Si London est toujours présent dans les personnages aventureux de l'écrivain on pourrait dire que chez Martin Eden l'auteur se décrit et se donne tout entier à ses lecteurs. C'est donc un roman ionnel et tragique, dans la meilleure tradition du roman américain, le roman de l'homme qui se fait et se détruit aussi.


Un magnifique roman du début à la fin. Très autobiographique. Il est raconté à la première personne et nous raconte la dure condition d'un homme humble et sans instruction qui rêve d'être écrivain. Un travail physique qui obstrue l'esprit, mille portes fermées qui ne s'ouvrent jamais, des déceptions sentimentales, et enfin : la chance et le succès littéraire ultérieur. Narration qui a tristement anticipé le vrai suicide de l'auteur.


J'ai aimé particulièrement la complexité du personnage de Martin Eden qui va au-delà de la simple et capricieuse biographie. Il hait la bourgeoisie en même temps qu'il aime une bourgeoise et assume les critères de valeur artistique et intellectuelle qui gravitent autour de la structure sociale dominée par la bourgeoisie. Il conserve une nette sympathie de classe pour les travailleurs les plus simples, mais, fasciné par le darwinisme social radical d'Herbert Spencer, il devient un individualiste, méprisant l'activité syndicale et le socialisme. Cependant, son principal mentor, l'une des personnes qu'il vénère le plus, est un socialiste vétéran. Et l'histoire est pleine de rebondissements qui ressemblent aux tournants inattendus de la vie.
Le film récent qui en a été tiré et paraît-il très réussi…

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le 16 mars 2022

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HENRI MESQUIDA

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