Les héroïnes des romans d'Abha Dawesar sont assez souvent des femmes qui cherchent à se libérer de leurs entraves et de leur condition d'indiennes auxquelles il est demandé de vivre dans la tradition et sans faire de vagues. La rébellion et surtout la recherche d'un équilibre sont au centre de ses livres, témoignage du choc des cultures puisque la romancière vit depuis longtemps en Amérique. Madison Square Park ne déroge pas à cette veine personnelle dans laquelle nombre de femmes de son pays, soumises à un système patriarcal depuis toujours, se reconnaitront sans peine. Entre New York, son port d'attache, et Delhi, ville de son enfance et adolescence, Uma, le personnage principal du livre, tente de s'affirmer et de s'arrimer à une vie heureuse auprès de son compagnon, en dépit de la pression de ses parents, un couple infernal qui lui rend l'existence très difficile. Uma en vient à douter de tout, de son ami, de ses choix et surtout d'elle-même. Son héritage indien ne la condamne t'elle pas cependant à un certain schéma de pensée qui l'empêche d'être lucide et sereine ? Dans Madison Square Park, Abha Dawesar multiplie les retours dans le é pour donner un éclairage sur le présent. Le destin d'Uma se construit page après page, dans une tentative désespérée pour s'affranchir de la lourdeur de la prédestination et en ant outre les comportements intrusifs de sa famille. La prose colorée de l'auteure donne au roman un caractère quasi bollywoodien alors que les révélations et les tragédies s'accumulent. Il faut accepter les couleurs vives de ce mélodrame existentiel pour en apprécier toutes les nuances. La fragilité et la sensibilité d'Uma sont aussi sa force pour se donner les moyens de vivre sans remords et avant tout sans crainte.