Un roman picaresque, qui décrit les tribulations temporelles et sexuelles d'un certain Jud Elliot, dans une ambiance très fin des sixties : liberté des mœurs, substances illicites, tout ça bien entendu pimenté par la possibilité quasi illimitée de remonter le temps vers le é (et de revenir au futur, mais pas au delà du temps écoulé entretemps, si je puis dire et si j'ai bien compris).
SIlverberg joue avec délectation des paradoxes temporels et ça peut vite, ça tourne vite à la prise de tête si on essaie d'y déceler de la cohérence. Ce à quoi j'ai renoncé assez vite, préférant me laisser porter par le récit, bien torché et peuplé de personnages insolites et truculents. Une bonne partie de l'intrigue se déroule à Byzance, évidemment à plusieurs époques antérieures à la prise de la ville par les turcs. Ce qui permet de revisiter (ou plutôt, dans mon cas, de visiter) les principaux événements historiques survenus au début du second millénaire après J.C.
L'idée du Service Temporel, sorte d'agence touristique proposant des voyages dans le é, est excellente et très bien exploitée, avec les guides, d'une part, et les patrouilleurs temporels, d'autre part, en quelque sorte des redresseurs d'Histoire, qui interviennent lorsque les touristes ou les guides altèrent, par leurs actions dans le é, le présent. Ce qu'évidemment, ils ne manquent jamais de faire, au risque de se mettre dans des situations impossibles et d'être rattrapés par la patrouille.
Ça reste très léger dans le ton et ce n'est sans doute pas un Silverberg majeur (il faut dire qu'il a pondu quelques chefs d’œuvre), ce qui explique qu'il ne soit pas réédité : pour autant, connaissant le talent et l'humour du bonhomme, c'est très agréable à lire...