Les secondes chances
Les secondes chances

livre (2025)

Les secondes chances par Kittiwake_

L’entrée en matière est picturale : Giorgione, un maitre de la Renaissance qui eut entre autres Le Titien pour élève. Pourquoi Giorgione ? Parce qu’un de ces tableaux supposés est au coeur de l’intrigue et constituera un repère marquant dans l’histoire d’une des héroïnes du roman, Madeleine (ou faut-il la nommer Malika ?)


Pourtant l‘intrigue nous transporte au départ à Buenos Aires, dans le cabinet de Blanche, qui reçoit sur son divan, le flot de paroles de ses patients qu’elle tente de comprendre en s’en référant à ses maitres, plus inspirée par  Ferencszi que par Lacan. Le discours que lui tient Francis Lachance, outre les tracas habituels collectés dans ce type d'écoute, l’interpelle. Moins pour les propos racistes et misogynes, que par ce qu’il lui renvoie de sa propre histoire familiale. Car sa grand-mère a fait partie de ces déracinés des années 60 en provenance d’Algérie. L’on sait ce qui s’est é entre Alger et Marseille, mais un peu moins, voire pas du tout que l’une des terres d’accueil fut l’Argentine. 


Tandis que Blanche se pose mille questions, le lecteur a la chance de pouvoir vivre par procuration l’histoire de Madeleine, qui exerçait le métier de restauratrice au musée d’Alger, qui jouxte le jardin d’essai. Elle allège les vernis avec une compétence reconnue. Mais l’horizon politique devient sombre et lui revient le difficile choix des oeuvres à rapatrier (elles aussi) vers le Louvre. Son histoire est truffée de rebondissements, à découvrir en parcourant ces chapitres. 


Outre le romanesque du destin de la jeune femme, le roman offre l’intérêt d’une documentation particulièrement précise, tant sur le plan politique et historique , que sur le plan de l’art.  Tandis que l’on découvre le sort des immigrés algériens en Amérique du Sud , dans des conditions précaires, un tableau attribué à Giorgione est au centre de l’histoire, il y est aussi fait référence à beaucoup d’autres oeuvres. Tandis que l’on découvre le sort des immigrés algériens en Amérique du Sud , dans des conditions précaires et incertaines. 


Si l’on ressent très bien l’ambiance fébrile et hautement dangereuse de cette période dramatique, au cours de laquelle plusieurs épisodes tragiques sont évoqués, l’auteur évite le voyeurisme facile à produire dans ces circonstances.Frédéric Couderc nous fait profiter de ses connaissances pointues habilement incluses, dans ce roman foisonnant dont l’intrigue constitue le pôle d’attraction. Un très bon moment de lecture.

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