J'ai lu les 2/3 de cette pièce sans désintérêt mais avec beaucoup de neutralité. Par contre, les derniers actes déploient complètement le sens de l'intrigue, et ça m'a beaucoup plu. Le trio destin/absurdité/existentialisme a dû être analysé des dizaines de fois donc je n'aurai pas la prétention d'ajouter une pierre à l'édifice, mais j'y ai vu un parallèle intéressant avec l'Antigone d'Anouilh (jamais lu celle de Phèdre) : le gardien lui parle de ses mains sales (terreuses) quand elle enterre son frère, elle qui a les mains immaculées symboliquement, de ne s'être pas compromise. Ce titre fait écho à cette Antigone, symboliquement propre, tandis qu'Hugo rechigne à se les salir et trouve un autre prétexte pour exécuter sa tâche.
Ce conflit entre l'idéalisme personnel et le pragmatisme collectif culmine dans ce final absurde où il ne réside aucune certitude sur la portée décisive du geste : les conséquences de l'action sont les mêmes quelques soient l'intention, et l'action peut être un coup d'épée dans l'eau, quand bien même elle a été lourde à porter. C'est doublement absurde, et un fardeau lourd à porter, pour qui recherche le sens. Je me sens à la fois bête de toute la profondeur entre aperçue de ce texte, et intelligente pour les quelques billes à penser qu'il m'a données !