En ce moment, c'est festival, je vole de très bon bouquins de fantasy en très bons bouquins de fantasy. Pourvu que ça dure !
Donc, voici un premier tome qui débute tambour battant. Le récit s'ouvre sur une armée de rebelles en e de livrer l'ultime bataille qui lui permettra de renverser le roi tyrannique qu'elle combat. On commence donc par ce qui pourrait être la fin du récit.
Sauf qu'évidemment non. Dés le chapitre deux, on comprend qu'il n'en sera rien puisque l'on retrouve la lieutenante du chef des rebelles, Maura, en prison, suite à la défaite de leur armée.
Dés lors, c'est à un récit à rebours que nous sommes conviés. En effet, un conteur de haute volée a été chargé par les autorités religieuses de recueillir le témoignage de Maura afin de démontrer que Darran Dahl, le chef rebelle, était un démon.
Le conteur en question est d'un genre particulier, car il est impossible de lui mentir. Il bénéficie en effet d'une magie particulière. Si on lui ment par omission, sa main gauche se met à saigner, si on lui ment délibérément, sa main droite se couvre de cloques. Son récit sera donc le reflet exact des événements.
Voilà pour le contexte global.
L'univers en lui-même semble un médiéval fantastique assez classique de prime abord, avec son méchant roi, ses rebelles et ses personnes d'exception reconnaissables à des marques sur la peau les prédestinant à être magicien, guerrier-né, conteur, etc... Sauf qu'à tout cela s'ajoute le Calame, une forme de magie supérieure, dont je ne dirai rien de plus, afin de ne pas la dévoiler à d'éventuels lecteurs qui eraient céans. Qu'ils sachent néanmoins que l'idée du Calame est très intéressante.
L'autre point fort de ce récit, c'est aussi son héroïne, l'attachante et déterminée Maura. Les relations que cette dernière entretient avec le personnage de Darran Dahl, le chef de la rébellion oscillent de l'iration à la rancœur, en ant par presque toutes les étapes intermédiaires, tout en restant teinté d'une certaine forme de douceur. Une alchimie précieuse, qui doit tout à la plume de Paul Beorn, qui nous fait ressentir la sincérité (à défaut de la pertinence) des émotions de Maura.
Le rythme du récit n'est pas en reste, Beorn tenant le lecteur en haleine de manière fort habile. En effet, outre les pauses dans le récit qui interviennent souvent à des moments critiques (une vieille ficelle du métier, mais pourquoi s'en priver ?), Paul Beorn ne révèle les éléments clés de son monde que pas à pas.
Ainsi, on comprend peu à peu les tenants et aboutissants politiques de ce grand royaume, les jeux de pouvoirs qui se jouent entre le Roi-Lumière, le clergé, le peuple, les rebelles... Petit à petit la rebellion se teinte d'accents féministes, lorsque les femmes,considérées comme sans âme, et l'équivalent de vulgaires biens mobiliers, se dressent pour obtenir les mêmes droits que les hommes et joignent massivement la rébellion.
Cet aspect du récit est très bien amené et bien traité, le lecteur restant ignorant de ce fait pendant une bonne partie du roman, avant que les événements ne viennent le percuter de plein fouet (tout comme la narratrice du reste).
Au récit de Maura s'ajoute également celui du conteur, qui a lui même ses petits soucis, son travail de chroniqueur se révélant en réalité bien plus ardu qu'attendu.
Les deux visages est donc un roman prenant, très agréable, mais aussi intrigant car à la fin de ce premier tome, beaucoup de points sont encore en suspend, voire encore largement nimbés de mystères. J'ai assez hâte de lire la suite.