Etant un parfait novice dans l'univers de Dostoïevski (et de la littérature russe), j'abordais cette lecture avec beaucoup d'appréhension, appréhension cependant teintée d'une grande d'attente, aux vues des critiques élogieuses accordées à ce cher Fedor.
J'ai donc choisi de commencer par un de ses récits les plus courts, pour me faire une idée du style du personnage, tout ça avec la traduction de Markowicz (la plus appropriée à mon sens, puisqu'il rend honneur au style si particulier de l'écrivain russe).
Me voici donc avec Les Carnets du Sous-Sol, oeuvre assez complexe et pourtant assez pertinente dans ses propos. Sous la plume d'un inconnu (bien que le récit soit d'une certaine manière autobiographique puisqu'il semble renvoyer Dostoïevski à ses propres démons durant cette période de sa vie), nous voici tour tour embarqués dans un discours métaphysique sur la volonté de l'homme, un essai tantôt philosophique, tantôt plus personnel, mais avec toujours autant de hargne, de rancoeur et de véhémence dans les propos. Le style est parlé, souvent incohérent de justesse, tout semble être crié à nos oreilles. On en verrait le personnage s'insurger devant nous, se levant subitement pour hurler son désespoir de la bêtise humaine, et incendier épistolairement tous ceux qui l'ont rabaissés. La traduction est ici salvatrice puisqu'elle donne vie au langage parlé, n'hésite pas à reprendre le langage grossier et familier, tels les propos que pourrait tenir un homme fou et furieux. Par moments je l'avoue, l'aspect décousu des phrases m'inspirait plus un supplice qu'autre chose, mais la verve des mots est telle qu'elle fait oublier les difficultés rencontrées (je reste un novice!).
Si la seconde partie du récit est moins percutante, moins corrosive (malgré le discours face à Lisa, d'un pathétisme absolu), cette première incursion en territoire russe aura été une agréable découverte, même si je ne recommanderais pas à tout le monde cette lecture pour le moins... audacieuse mais périlleuse.