Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? par Phae
J’en connais un qui est fan absolu de Blade Runner. Le film.
J’ai un intérêt un peu plus limité. A vrai dire, je l’ai regardé plusieurs fois sans réussir à me souvenir de l’histoire. Je crois que je me suis endormie. Je crois pourtant que je l’ai vu 5 fois en tout, et seule la dernière m’a valu un résultat, mais je me suis vraiment concentrée faut dire. Je ne sais pas expliquer pourquoi, le statut de chef d’oeuvre peut-être, allez savoir.
En tout cas, j’ai enfin réussi à regarder vraiment le film, à me souvenir des différents éléments, tant et si bien que je me suis dit que j’allais lire le livre. Surprise, je croyais que c’était une nouvelle, pas exactement, c’est un vrai livre, je l’ai même offert au fan absolu, celui qui ne lit pas, qui l’a lu.
En lisant le livre, j’étais stupéfaite de voir qu’il s’agit également d’un univers, complet, fouillé, mais pas exactement le même que celui de Ridley Scott. Quel travail d’écriture et d’imagination ! On a beau se dire que c’est largement le livre, il n’en reste pas moins que c’est fabuleux de se dire ainsi, allez, on va s’éloigner du livre, et d’arriver à le faire de façon originale, sans trahir l’esprit originel.
Le monde du livre est un monde post-apocalyptique, la Terre est progressivement désertée car les retombées radioactives détruisent la faune et détraquent les humains. Dans le film, ce monde devient nocturne, c’est beau, c’est bien vu, pas de gris, juste du noir.
Quelques éléments viennent marquer encore la richesse du roman, un film qui aurait tout repris n’aurait fait que faire partie de ces bouses d’adaptations cinématographiques (Jane Eyre, il y a peu, même si Michael Fassbender).
La place des animaux, car évidemment, ils ont pour la plupart disparu, et l’obsession de Rick Deckard (le héros enfin) qui ne semble avoir comme but dans la vie que d’avoir un animal, mieux que son voisin, mieux que tout. Si Harrison Ford campe un blade runner désabusé, Rick Deckard est persuadé d’être un blade runner merdique. D’où cette ion pour les animaux, pour espérer un jour en avoir un qui donne un prix à sa vie.
Un autre élément fondamental du roman est le mercerisme, religion basée sur l’empathie ressentie pour Mercer, personnage mythique avec lequel tout un chacun peut fusionner pour ressentir une expérience humaine partagée. La notion d’empathie est fondamentale ici, puisque c’est la différence entre les humains et les androïdes. L’empathie, ce que même les spéciaux peuvent ressentir.
Le spécial est aussi un personnage particulier au roman. L’évolution de la Terre dans le mauvais sens fait que les gens qui restent ont cette éventualité peu glorieuse de devenir Spécial. Un peu débile donc. Et d’accéder du coup à une vie de merde avec un boulot de merde, sur Terre forcément, sans possibilité jamais d’émigrer. On voit bien alors l’opposition entre le Spécial, celui qui doit rester sur Terre, et l’androïde, celui qui peut aller partout sauf sur Terre. Le spécial est traduit par le handicap dans le film, astucieux.
On ne peut par contre que regretter le manque de relief de Roy Baty, pourtant personnage fondamental et charismatique du livre. Non, Roy Baty n’est qu’un potentiel inexploité, parce qu’il est tout de même fou à lier hein, faut pas déconner.
Oui, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? est un roman tout à fait valable, comme le film est tout à fait valable lui-même. On pourrait même leur associer à chacun l’attribut « Culte ! » sans trop rougir, ben, je le fais du coup.
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