L'intrigue se situe dans le petit village d’El Idilio, perdu au fin fond de la forêt amazonienne entre le Pérou et l’Equateur, où quatre américains débarquent. Un jour des indiens ramène le corps d'un homme. Antonio Bolivar homme solitaire et de nulle part, mais plein de ressources, devra affronté, la nature, les hommes et les animaux sauvages.
Un hymne à la vie, teinté de fatalité pour un pamphlet écologique contre l'enrichissement et la destruction due à la colonisation.
L'idée est simple, n'est pas forcément sauvage, celui qui semble l'être, la culture n'est pas obligatoirement synonyme d'intelligence et de respect... Mais l'universalité du propos, l'amour, trouve son pendant chez Antonio, ce vieux qui lit des romans d'amour et nous rappelle les dangers à perdre la connaissance des peuples premiers, dont notre propre survie dépend.
Et pour notre plus grand plaisir Sepulveda jouera du thriller pour enquêter sur un certain nombre de morts suspectes et offre un conte plein d'humour qui sait être léger. Une écriture imagée où les mots choisis nous rappellent au sens commun, et qui ne fait qu'en renforcer la puissance du message, jouant de menus détails pour nous dresser le cadre de l'intrigue qui parsèment le récit sans lourdeur. La jungle avec ses moustiques et ses singes caractériels, la forêt hostile, les pluies diluviennes, la lutte pour la survie. Les dialogues appuient tour à tour, l'ironie, l'humour, ou encore l'amertume de l'auteur.
Antonio José Bolivar Proaño savait lire, mais pas écrire. Il lisait lentement en murmurant les syllabes. Il lisait en s’aidant d’une loupe. Il habitait une cabane en bambou d’environ 10m 2 meublée sommairement. Il avait connu sa femme quand ils étaient enfants à San Luis, un village de la Cordillère. Ils avaient 13 ans quand on les avait fiancés et 15 ans quand ils se marièrent. Ils avaient vécu leurs trois premières années chez le père de l’épousée. Quand le vieux mourut, ils héritèrent de quelques mètres de terre et de quelques animaux domestiques qui ne survécurent pas aux frais de l’enterrement. Sa femme était stérile et ils recevaient des commentaires médisants. Antonio emmenait sa femme chez des guérisseurs mais c’était inutile. Ils avaient décidé de partir quand on demanda à Antonio de laisser sa femme à la fête de San Luis pour qu’elle soit prise par un autre. Antonio refusa la perspective d’être le père d’un enfant de carnaval. Il avait entendu parler d’un plan de colonisation de l’Amazonie. Le gouvernement promettait de grandes superficies et une aide technique en échange du peuplement de territoires disputés au Pérou. Ils arrivèrent à El Idilio. On leur délivra un papier qui officialisait leur qualité de colons. On leur assigna deux hectares de forêt, deux machettes, des bêches, quelques mesures de semences et la promesse d’une aide technique qui ne vint jamais. Le couple commença par se construire une cabane puis se lança dans le débroussaillement. Quand survint la première saison des pluies, ils avaient épuisé leurs provisions et ne savaient plus que faire. Les premiers colons commencèrent à mourir. Antonio et sa femme se sentaient perdus quand le salut leur apparut sous la forme d’hommes à demi nus, le visage peint de pulpe de roucou, la tête et les bras armées de parures multicolores. C’étaient les Shuars. Ils leur apprirent à chasser, à pêcher, à construire des cabanes qui résistent aux tempêtes, à distinguer les fruits comestibles des vénéneux et surtout, ils apprirent l’art de vivre avec la forêt.
Luis Sepulveda est Chilien, "Le vieux qui lisait des romans d'amour" (Un viejo que leia novelas de amor ) est son premier essai. Sepulveda dédie son livre à son ami Chico Mendes, ardent défenseur de l'Amazonie, et des travailleurs du Latex, assassiné par le gouvernement en 1988. Il utilisera les contes que lui raconte Miguel Tzenke, syndic Shuar, qu'il rencontra lors de son périple en amérique du sud et avec lesquels il vécut un an en 1978.
Il s'engage politiquement pour l'écologie et contre les ravages causés par les dictatures militaires. Il écrit des chroniques régulières dans El País en Espagne, et anime le Salon du livre ibéro-américain de Gijón destiné à promouvoir la rencontre entre les auteurs de tout bord.
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