Troisième volet des Rougon-Macquart, on quitte ici la branche malhonnête de la famille, pour redre la petite-fille Lisa Quenu, charcutière de son état, et foncièrement intègre. Mais ces honnêtes bonnes gens sont-elles meilleures ? Ca semble être le propos principal de ce tome, qui oppose les "gras" bourgeois du second empire aux "maigres" pauvres, ouvriers, laissés pour compte dans ce festin.
Les "gras" sont alimentés par les Halles, espèce d'entité vivante pullulant de nourriture et purulent de marchands divers et variés, qui chaque jour alimentent un peu plus la bête.
Les descriptions très poussées de ces Halles de Baltard, ont sans doute un grand intérêt historique, mais même pour moi qui parcoure quotidiennement ces rues Montmartre ou Montorgueil, j'avoue qu'elles m'ont lassé au bout d'un moment car trop répétitives et détaillées. Les différents protagonistes et destins croisés sont encore une fois superbement écrits, mais leurs aventures sont un peu trop interrompues encore une fois dans toutes ses descriptions.
Alors certes la démonstration est faite que les marchands bourgeois - qui ne veulent même pas concevoir qu'un honnête homme puisse avoir faim tant leur aveuglement est fort - feront tout pour exclure tout ce qui ne leur ressemble pas. Mais de l'autre côté la ivité de Florent m'a un peu empêché de ressentir de la sympathie pour lui surtout dans la deuxième partie du récit. Il m'a semblé un peu abandonné par l'auteur sur la fin. Malgré un côté un simpliste c'est surement une critique sociale très juste au moment où est paru le roman de Zola.
Ce propos fait d'ailleurs écho dans un discours de L'abbé Pierre en 2007, alors je pose ça là :
« Ceux qui ont pris tout le plat dans leurs assiettes, laissant les assiettes des autres vides et qui ayant tout, disent avec une bonne figure, une bonne conscience, nous, nous qui avons tout, on est pour la paix, qu’est-ce que je dois leur crier à ceux-là ? Les premiers violents, les provocateurs de toute violence, c’est vous et quand le soir dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos p’tits enfants avec votre bonne conscience. Au regard de Dieu, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients que n’en aura jamais le désespéré qui a pris des armes pour essayer de sortir de son désespoir »
/mic drop