Note et critique pour l'ensemble du cycle
Après un Robin Hobb se lance dans une nouvelle série tout aussi bonne avec Les Aventuriers de la Mer. Une saga qui se différencie par de nombreux aspects des aventures de FitzChevalerie Loinvoyant, si bien qu’on pourra la trouver plus ou moins réussie que son ainée suivant les goûts et les couleurs de chacun. Mais il ne faut pas s’y tromper, car Les Aventuriers de la Mer se révèle bel et bien du même acabit, tout aussi plaisant et abouti !
Premier constat : c’est un vrai bonheur de retrouver le style si agréable et fluide de Robin Hobb, qui nous plonge dès les premières lignes dans cette toute nouvelle histoire, même si le traducteur a changé en cours de route. Et c’est peut être là le seul point commun qu’on pourra trouver avec L’AR.
Car il est effectivement bien difficile de croire que cette aventure se e dans le même monde que celle des Six-Duchés tellement l’univers qu’on nous présente est différent. Et pourtant ces deux contrées sont bien voisines. Pas de rois, de preux chevaliers ou de châteaux majestueux dans Les Aventuriers de la Mer, place aux grandes cités marchandes, aux criques de pirates et autres lieux bien mystérieux que je vous laisserai découvrir par vous-même. Pourtant derrière ce décor apparemment plus proche de notre réalité se cache cette étrange magie venue d’un autre monde, qui donnera vie aux Vivenefs et à bien d’autres créatures.
Un changement de décor accompagné d’un changement dans la narration également et j’en viens aux véritables points forts de la saga : ses personnages et son intrigue. Exit la focalisation interne sur un personnage unique, ici, on tombe dans l’exact opposé : une multiplication des points de vue, et quand on connait le travail réalisé par l’auteur sur la psychologie et l’évolution de ses personnages, autant dire que chacun d’eux s’avérera plus vivant et crédible que le précédent. Là où L’AR incitait à l’identification au personnage principal, les AdlM nous rend témoin de nombreuses destinées, de nombreuses personnalités, et réussit le tour de force de nous attacher à chacune d’elles. Un fabuleux travail qui prend tout son sens lorsqu’il est couplé à l’intrigue, car tous ces points de vue composent une arborescence complexe dans laquelle les destins de chacun vont se croiser et se mêler, participant à des événements qui changeront à jamais la face du Royaume des Anciens.
Finalement, on ne pourra pas reprocher grand-chose à ce cycle des Aventuriers de la Mer si ce n’est la lenteur de son introduction qui s’étale sur les trois premiers tomes. Comme c’est souvent le cas avec Robin Hobb, la mise en place en place des pièces qui feront fonctionner la machinerie prend du temps, mais lorsque tout est bien huilé et que l’engrenage est lancé, on assiste à une véritable épopée qui monte crescendo jusqu’à l’apothéose des derniers tomes et on comprend que ça en valait le coup !
Amateurs de fantasy, je ne saurais trop vous conseiller de lire ces 9 tomes des Aventuriers de la Mer en vous demandant de persévérer face au début que certains pourront trouver trop lent, car, bien que moins connu, il représente avec L’Assassin Royal le meilleur de Robin Hobb. À lire impérativement entre les deux cycles de L’AR (entre les tomes 6 et 7 donc) si vous ne souhaitez pas vous faire spoiler.