Le Lac
7.2
Le Lac

livre de Yasunari Kawabata (1955)

Une tempête de neige mémorielle

Premier roman de Kawabata que je lis, Le Lac n’est pas le roman le plus connu du célèbre Prix Nobel de Littérature. Publié en 1954 le roman narre un age de la vie d’un certain Gimpei, personnage surprenant, trentenaire, obnubilé par la laideur de ses pieds et sa quête de la Beauté. Cette beauté il l’a trouve avant tout chez des femmes qu’il suit dans la rue, de loin.

Gimpei est un esthète surprenant, amoureux de la beauté, n’osant l’aborder ou peut-être le souhaitant au fond de lui-même ? Transparent à lui-même, il se perd néanmoins dans le flux continu de ses pensées où les différentes époques se retrouvent.


Le Lac n’est pas une enquête quand bien même le lecteur peut comprendre au fur et à mesure la sombre personnalité de Gimpei et les horreurs de sa vie ées. Les traumatismes enfantins, les amours brisés par la société, ses propres pulsions meurtrières, tout fusionne au fur et à mesure.


Le rythme d’écriture est incroyable, les lignes temporelles se mêlant. Le narrateur vit une situation donnée dans le présent, cela le renvoie à une période é A qui elle-même rappelle une période antérieure B. Le présent et les deux és peuvent alors fusionner. Chaque phrase pourtant est cohérente, mais l’enchaînement peut perdre le lecteur, le perturber mais jamais lui apparaître dénué de poésie ou de sens. Le but est bien de montrer l’âme de Gimpei par ce procédé. C’est une tempête de neige mémorielle que nous offre Kawabata : les souvenirs ne cessent de nous er devant les yeux comme autant de flocons.


Oeuvres profonde, dotée d’une narration exquise et cherchant à ne jamais condamner mais à ne jamais tout exc, le propos n’est pas sombre tout en ne parvenant pas à ne pas avoir une sorte de mélancolie profonde.

Son seul réel défaut est sa fin trop abrupte pour moi. On a comme le sentiment qu’il manque plusieurs pages, comme si on pouvait augmenter le roman d’un quart.


Réflexion sur la perversité mais dans son aspect le plus sensuel et le moins sordide, Le Lac est une œuvre d’une rare beauté permettant de saisir pourquoi Kawabata est l’un des plus grands auteurs japonais.

8
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le 8 mars 2025

Critique lue 10 fois

mavhoc

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