Le roman consolateur de toutes nos vies.

Le livre,



le roman consolateur de toutes nos vies.



Environ six cent pages de bonheur complet,


la moitié de ces pages étant consacrées au premier jour de la vie de Tristram Shandy.



On y est grivois, on y est philosophe, on y parle de boutonnières, de nez –


des esprits malins voient dans cet appendice une parabole en dissimulant un autre –


on y est érudit et quand l'érudition des autres ne suffit pas on invente la sienne,


on est pasteur, on fait des sermons,


on fait des sièges militaires avec Toby,


on invente des sentimental journeys,


on y est caustique,


on y est provocant,


on y est toujours drôle, toujours léger.



On interrompt des phrases au milieu d'un mot


et on part dans des digressions qui à leur tour s'effilochent dans de nouvelles digressions,


on le lit en plus de jours que ce qui est raconté, on est réservé toujours, on est anglais et drôle et intelligent



"Qui êtes vous donc, me dit-il ?

Pas de questions embarrassantes, répondis-je"



Et toujours on invente, des mots – concupiscible – des auteurs – Slawkenbergius



La préface de l'auteur est – comme il se doit – située après le chapitre 20 du troisième livre, on y lit avec bonheur un portrait qui pourrait être une ébauche de portrait de Mangeclous subtils hommes d'état, docteurs judicieux…



Il y a des chapitres sans un mot, sans une lettre,



il y a des chapitres 18 qui viennent après le chapitre 25,



il y a déjà le spleen,



il y a déjà la très légère mélancolie de Vialatte on se souvient que le professeur d'anglais de Battling s'appelle Sterne.



Et tout cela réinvente nos rires et nos sourires,



et de nombreuses réflexions – comme cela, l'air de rien,



parce que tout cela est extrêmement profond.



Mais n'en disons rien,



Citons dans sa totalité le chapitre 9 du dernier livre:


"Que pensera le monde de cette oraison jaculatoire ? Je ne donne pas un liard de son opinion."



Laurence Sterne est mort le 18 mars 1768.



Le livre est The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman.



On lira ce livre – que ce soit une première lecture ou une relecture – dans un de ces

hôtels anciens d'un village du Yorkshire.

On écoutera le bavardage des buveurs de bière du pub local,

on boira des singles malt accompagné de pintes de stout

9
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le 24 mai 2023

Critique lue 22 fois

mermed

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