La Promesse de l'aube par Venantius

La Promesse de l’aube, d’abord, est très drôle, pleine d’autodérision, écrite avec un sens du comique qui se traduit tant dans les situations que dans le style. C'est un plaisir rare que de lire un roman qui manifeste à longueur de pages, par affleurements, une telle générosité dans les traits d'esprit, un tel sourire dans l'écriture.


Roman engagé, également — pas comme un manifeste politique, mais comme le porteur d’une certaine anthropologie (celle que l’on retrouve à longueur de livre dans les Racines du ciel) : la revendication d’une virilité chevaleresque, et d’un certain humanisme (au sens fort). Un roman on ne peut plus français, en un sens, si l'on croit encore à cette idée un peu désuète du génie national.


Une citation (longue) : « Il serait temps, d’ailleurs, de dire la vérité sur l’affaire Faust. Tout le monde a menti effrontément là-dessus, Goethe plus que les autres, avec le plus de génie, pour camoufler l’affaire et cacher la dure réalité. Là encore, je ne devrais sans doute pas le dire, car s’il y a une chose que je n’aime pas faire, c’est enlever leur espoir aux hommes. Mais enfin la véritable tragédie de Faust, c’est qu’il n’ait pas vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c’est qu’il n’y ait pas de diable pour vous acheter votre âme. Il n’y a pas preneur. Personne ne viendra vous aider à saisir la dernière balle, quel que soit le prix que vous y mettiez. Il y a bien toute une flopée de margoulins qui se donnent des airs, qui se déclarent preneurs, et je ne dis pas qu’on ne peut pas s’arranger avec eux, avec un certain profit. On peut. Ils vous offrent le succès, l’argent, l’adulation des foules. Mais c’est de la bouillie pour les chats, et lorsqu’on s’appelle Michel-Ange, Goya, Mozart, Tolstoï, Dostoïevski ou Malraux, on doit mourir avec le sentiment d’avoir fait de l’épicerie. »

9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lu en 2015

Créée

le 8 août 2015

Critique lue 411 fois

1 j'aime

Venantius

Écrit par

Critique lue 411 fois

1

D'autres avis sur La Promesse de l'aube

La Promesse de l'aube
10

A ma maman

Je ne serais pas qui je suis sans ma mère. Elle m'a porté à bout de bras pendant les 15 premières années de ma vie, dressée contre l'univers tout entier qui ne me voulait guère de bien. Contre mon...

le 15 avr. 2018

86 j'aime

33

Mon fils, ma bataille

Romain Gary est un pilier de la littérature française. Il est le seul écrivain à avoir obtenu le Goncourt à deux reprises grâce à un astucieux subterfuge, l’utilisation de pseudonymes. Il obtient le...

le 27 août 2016

76 j'aime

8

La Promesse de l'aube
10

Lettres en jets

Aujourd'hui, maman est morte. Comme ça, sans prévenir, sans rien. C'est pas tant que ce soit choquant, après tout, on sait qu'on est tous amenés à er sous la lame de la faucheuse un jour à...

Par

le 14 juin 2016

43 j'aime

5

Du même critique

Critique de La Loi du sang par Venantius

La Loi du sang propose une synthèse de la vision du monde nazie, comme le résume curieusement son sous-titre, “Penser et agir en nazi” (on se sent obligé, lisant le livre en public, de préciser à ses...

Par

le 19 janv. 2019

10 j'aime

7

L'Albatros

François-René de Chateaubriand avait les défauts de son époque : une vanité peu croyable, qui dispose aux grandes entreprises mais prête aussi à rire, notamment lorsqu’elle s’abrite quelques instants...

Par

le 9 déc. 2019

10 j'aime

3

Diadorim
10

Marcel Proust rencontre Sergio Leone

Diadorim est l'unique roman de l'auteur brésilien João Guimarães Rosa. Son titre portugais, Grande Sertão: Veredas, a la caractéristique de contenir deux mots intraduisibles sur trois — le sertão,...

Par

le 18 févr. 2018

10 j'aime

4