Jean Baptiste Del Amo se revendique de Stephen King. Ce n'est pas un secret. L'épigraphe est tirée de Ça. Des références directe à l'auteur du Maine sont récurrentes à travers tout l'ouvrage. Il parachève en post-face de s'en réclamer et de lui en faire un livre-hommage. Et qu'il l'aurait moins dit que ses références (jusqu'à l'ambiance du bouquin) nous auraient tout de même sauté au visage.
Force est de constater qu'il parvient - au moins dans une première moitié - à plutôt bien émuler le concept. Entre un Nicolas Mathieu de Leurs Enfants après eux et un univers gorrifique tiré de nombreuses lectures kingiennes, on se retrouve avec un livre d'horreur étonnant, tirant dans la rurale des nineties les cauchemars qui ont hanté le Club des ratés. Une œuvre bâtarde donc, mais d'une bâtardise à première vue plutôt réjouissante...
Reste qu'il subsiste un problème : Ça s'étend (dans sa version Grand format) sur plus de 1000 pages, La Nuit ravagée se contente de moins de la moitié (ca. 450 pages). Et force est de constater que cette différence pèse sur l'ampleur que prend l'histoire... Là où Stephen King nous immerge dans un Univers complexe, terriblement prenant, où chaque personnage parvient à développer sa propre trame narrative, La Nuit ravagée reste en surface. Bien que certains personnages soient mieux travaillés que d'autres, il ne parvient jamais à parfaitement développer les membres de son Club des ratés version Del Amo. L'histoire finit dès lors par patiner : l'attachement peine à poindre, l'envergure des scènes horrifique reste dès lors bien maigre et l'architecture scénaristique (dans ses mécanismes, ses règles) sacrément fragile.
Si l'on ajoute une propension au name dropping un peu trop appuyée (sur-accumulation de références "ultra-classiques" de l'horreur de ces années-là) et une relecture de Ça un peu (beaucoup) trop inspirée de Stranger Things, le bouquin n'amène pas (et c'est un euphémisme que de le dire) une bouffée d'air frais au genre.
Si l'on consent toutefois à avaler quelques couleuvres, La Nuit ravagée reste un bon page turner assez divertissant, dont on gardera en mémoire notamment quelques scènes de frousse-descriptive bien senties et un amour du genre sans nul doute sincère, mais qui aurait pu mener à un projet plus abouti. Affaire à suivre sur ses prochains romans...