la Terre demeurera

La nuit des temps est une œuvre datée, il faut le savoir. Fin des années 1960, elle s'inscrit dans la veine de la peur d'un conflit nucléaire ravageant la planète. Le conflit entre ces deux civilisation mastodontes, venues d'un lointain é, est une évidente métaphore de la guerre froide. Une petite note nous précise que, concernant les révoltes étudiantes, ce roman est écrit avant les événements de 1968. Cela évoquera néanmoins les refus de la guerre du Viêt-Nam aux États-Unis. Dans le style aussi, et les personnages, il y a une vision du monde en train de disparaître.

Reste que cette histoire est, excusez le jeu de mot, intemporelle. Cette romance qui fait un saut de 900 000 ans en arrière est toujours bouleversante.

Sur le scénario d'un film qui ne sera jamais tourné, Barjavel nous donne une solide science-fiction à l'américaine. Concernant le refus des producteurs de financer un tel film, il faut dire que dans ces années-là, la science-fiction qui jusqu'ici était un genre reconnu, auquel s'adonnaient des auteurs plébiscités, est devenue ce qu'on sait aujourd'hui, un genre considéré avec dédain par la plus grande partie du public, qui y voit un ramassis d'idioties sur fond de guerre interstellaire.

Difficile de donner toutes les références de La nuit des temps, mais au moins signalera-t-on que ces scientifiques au pôle sud évoquent Who goes there (The thing), et surtout Les montagnes hallucinées de Lovecraft où, sur un mode différent, les scientifiques réveillaient aussi les derniers survivants d'une très ancienne civilisation. Il se dit que La nuit des temps est très largement inspiré d'un roman appelé La sphère d'or, mais comme je ne l'ai pas lu, je me bornerai à le signaler.

Pour conclure, disons que si La nuit des temps n'est pas, en ce qui me concerne, le meilleur roman de Barjavel, son intrigue bien ficelée et les thèmes évoqués, ainsi qu'un style agréable à lire en font l'un des classiques de la littérature de science-fiction. Ne ez pas à côté, si vous aimez le genre.