Troublants vertiges...

Barjavel nous entraine ici dans une aventure extraordinaire. Un extraordinaire qui donne le vertige.
Vertige temporel tout d'abord, lorsque la découverte de ces scientifiques entraine le lecteur des éons dans le é, au travers de brumes que l'on croyait impossibles à franchir.
Vertige de l'amour ensuite qui, traversant les ères d'évolution, subsiste chez ce couple magnifiquement intemporel et dont la ion transcende les attentes et espérances placées en Elle.
Vertige de la médiocrité humaine enfin, de la bassesse des convoitises, des petites querelles, des divergences fratricides de branches humaines pourtant si proches, mais dans le pire.

Ce récit haletant ne laisse guère le temps au lecteur de se libérer de la force d'attraction qui s'exerce sur lui. Les protagonistes sont tellement vrais. On devine certes ça et là l'imprégnation sur l'auteur d'une époque de guerre froide entre deux blocs idéologiques mais cela ne gène guère le propos, à savoir que l'homme est destiné, dans son cruel manque de sagesse, à s’autodétruire irrémédiablement.
Dans sa vision à courte vue, il n'envisage guère de perspectives à long terme, ne voit que les gains immédiats, à l'instar de ces scientifiques pressés de refaire vivre des êtres en sommeil depuis 900 000 ans, quitte à tout faire échouer. Ou bien lorsqu'ils tentent maladroitement de démonter des objets qui déent leur entendement.
C'est bien là le drame : l'être humain est déé. Ce récit quasi prophétique présente les limites de la compréhension de l'homme et peut parfaitement s'appliquer de nos jours au genre humain qui se croit évolué, alors qu'il ne parvient même pas à entendre qu'il scie inexorablement la branche sur laquelle il est assis.
Plus dure sera la chute...


En plus d'être magnifique, ce récit est une nouvelle mise en garde sur notre nature. Sans doute inutile, une fois encore. Apprendrons-nous jamais des leçons du é ?