La flamme est un sablier qui coule vers le haut

C’est l’histoire d’un type qui regarde une flamme assez longtemps pour y voir autre chose qu’une flamme, puis qui décide d’en faire un livre.


Bachelard rêve à partir de presque rien, il voit l’infini dans le banal, il atteint la transcendance par le quelconque, il trouve la réponse grâce à l’anodin. Difficile d’imaginer une démarche plus poétique. Ainsi, à partir de l’observation d’une simple flamme, il se questionne sur la vie, la mort, le temps, le sens, la beauté : « la poésie va donner à un fait insignifiant la signification d’un destin. Le poème grandit tout » (G. Bachelard, La flamme d’une chandelle, éd. PUF, p.48).


La flamme d’une chandelle est un ouvrage de rêverie poétique qu’il faut lire sans céder à l’intellectualisation excessive, mais plutôt en se laissant émouvoir par l’innocence de l’émerveillement et la profondeur des mots.


Une dernière chose. Au début de son ouvrage, Bachelard évoque la pensée de ceux qui s’inquiètent du déclin de la rêverie, ceux selon qui « Le monde va vite, le siècle s’accélère. Le temps n’est plus des lumignons et des bougeoirs. A des choses désuètes ne s’attachent plus que des rêves périmés. » Bachelard répond : « les rêves et les rêveries ne se modernisent pas aussi vite que nos actions. Nos rêveries sont de véritables habitudes psychiques fortement enracinées. La vie active ne les dérange guère. » (G. Bachelard, La flamme d’une chandelle, éd. PUF, p.6). Mais il semble qu’aujourd’hui ces mots tombent peu à peu en désuétude, face à la chute de la lecture et l’avènement des écrans. La flamme d’une chandelle est donc une ode à la rêverie d’autant plus importante à promouvoir de nos jours.


« Dans le songe et la lueur se tient la même patience » (G. Bachelard, La flamme d’une chandelle, éd. PUF, p.12)


« La flamme est un sablier qui coule vers le haut. Plus légère qu’un sable qui s’écroule, la flamme construit sa forme, comme si le temps lui-même avait toujours quelque chose à faire. » (G. Bachelard, La flamme d’une chandelle, éd. PUF, p.24)

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le 31 oct. 2021

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Amarogg

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