Chattam a dû un jour se poser la question à 10.000 euros : comment aller plus loin, après plusieurs romans saturés d'horreurs en tous genres, de serial killers abominables, comment faire encore frissonner des lecteurs de plus en plus blasés devant les scènes gore que cinéma (hollywoodien principalement) et littérature (de gare, quand même) déversent depuis plusieurs décennies ? On imagine facilement que l'idée de base de "la Conjuration Primitive" est née de ce besoin de surenchère toujours plus fort, tout en empruntant les oripeaux - un peu hypocrites, M. Chattam - d'une alerte, d'une dénonciation des déviances de plus en plus répandues que crée notre société malade de sa consommation outrancière. Ceci posé, afin de ne pas être dupe de la manœuvre, et à condition de survoler les ages gore régulièrement insoutenables qui abondent, "la Conjuration Primitive" n'est pas un trop mauvais livre, il se lit même avec un certain plaisir grâce à sa générosité en coups de théâtre, suspense et rebondissements en tous genres. Se terminant de manière virile dans une bataille rangée qui nous épargne la routinière confrontation finale avec le "Mal" (brrr), il n'évite malheureusement pas certains tunnels, comme les pénibles considérations sur la contamination des chasseurs par la folie des prédateurs. Et puis, quelle purge quand Chattam essaie d'adopter des accents lyriques pour nous décrire les moments d'extase (sexuelle en particulier) ou de transe de ses personnages ! Allez, Maxime, concentre-toi sur ce que tu sais faire le mieux, le thriller à l'américaine écrit avec les pieds... pardon avec les mots les plus simples possibles, c'est déjà pas mal ! [Critique écrite en 2015]