"La voie que l'on peut suivre n'est pas la Voie éternelle"

Une fois encore, Ursula Le Guin nous aura gratifiés d'un ouvrage de grande qualité. Comme très souvent, le démarrage est un peu difficile, voire poussif, et on se demande où la grande dame veut en venir. Mais quand on en a lu d'autres signés de sa main, on sait aussi qu'avec elle, le nom de la lecture est Patience.

Imaginez un homme adulte qui se réveille dans une forêt, non seulement vide de souvenirs, mais tout simplement vide de compréhension de quoi que ce soit. Comment être sans savoir ce qu'est le jour, la nuit ? Heureusement pour lui (et pour nous !) il est recueilli par un clan et soigné par une jeune femme qui se charge de lui, comme Ulysse par Nausicaa chez les Phéaciens. La générosité de ces gens lui échoit, malgré ses étranges yeux jaunes aux pupilles de chat...

Décalé de son identité, il projette de quitter son peuple d'adoption pour redre Es Toch, la ville des Shings qui dominent la Terre des humains retournée à la barbarie, mais à la recherche de quoi, précisément ? Il ne le sait pas...

La clé est dans la ville et donne à Ursula Le Guin l'occasion de nous livrer une de ses subtiles constructions philosophiques, cette fois sur le thème de l'identité et de la perception que nous avons des choses. Un livre intelligent et qui se lit bien, très bonne suite au précédent "Planète d'exil".