Le début de la fin d'un monde libre et sauvage.

La captive aux yeux clairs est un roman fluide, facile à lire et bien construit.


Malgré une relative longueur (et quelques ages qui s'étirent outre mesure), Guthrie sait aller d'une péripétie à une autre, gardant une cohérence dans son récit et ménageant même un léger suspense. On ne s'ennuie pas!

Mais le roman est surtout beau et émouvant par son sujet: ce territoire (l'Ouest sauvage) à peine découvert par les colons européens qu'il est déjà surexploité. C'est la mort qui traverse ce roman crépusculaire. Alors qu'on devrait en toute logique lire un roman d'apprentissage, on se retrouve très vite à suivre les pas d'un héros désabusé et rongé par une violence grandissante. Sa rage est d'autant plus forte qu'il sait qu'il ne pourra rien changer. Les colons commencent à affluer en masse, le territoire se modifie déjà, les castors ne sont presque plus et les indiens meurent les uns après les autres. Le "progrès" est en marche et rien ne l'arrêtera.

C'est en cela que le roman est beau, lentement et inexorablement, alors qu'on ne se situe qu'en 1830-1840, le rideau petit à petit se tire sur l'Ouest sauvage. Il est déjà en train d'être dompté et on assiste, impuissant, au dernier voyage de ses hommes en quête de grands espaces et de liberté. Ils n'ont que peu d'options, mourir ou se ranger.

Il faut clôturer et maîtriser le territoire. Le civiliser, quoi qu'il en coûte. C'est ce quoi qu'il en coûte que Guthrie résume à merveille dans son roman. Ses mots sont justes, son écriture belle et fluide. Il rend hommage, non pas à une nation, mais à un territoire.

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le 1 avr. 2025

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busterlewis

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