Je n'avais pas encore lu de Bernanos. Cela demande de la concentration, pour suivre une pensée exprimée avec austérité. Mais cela vaut la peine aussi, qu'on soit chrétien ou non. Mais c'est une très belle plume, sans aucun doute. L'histoire est aussi dépouillée que l'existence de ce curé à la santé chancelante, qui s'épuise en son ingrat ministère, et doute, encore et toujours. C'est avant tout le portrait d'une âme sensible, peu faite de prime abord pour les responsabilités qui lui incombent, mais dont la force se révèle dans l'adversité. Ecrire son journal lui permet de réfléchir, sur ses actes et sur sa foi. Notre curé a beau tenir une piètre forme, il est obsédé par la grâce, la sienne bien sûr, mais aussi celle de ses paroissiens, qu'il veut sauver malgré eux, tant semble grande leur aptitude à l'autodestruction.
Très intéressant d'un bout à l'autre, les plus beaux ages sont ceux où il se rappelle sa jeunesse, par crainte d'une mort qui semble tellement proche, mais aussi dans l'émerveillement qu'il ressent à courir les routes juché sur une moto dernier cri. Alors la lumière se répand dans les pages. C'est la grâce, oui.