Sur fond de l'histoire d'un père, poète homosexuel qui doit élever seul sa fille de 2 ans suite à la mort de sa femme, on découvre dans ce livre, très bien documenté, l'univers de la communauté gay de San Francisco à partir des années 70, d'artistes et de poètes engagés pour défendre leur identité sexuelle malgré les discriminations dont ils ont fait l'objet de la part de certains conservateurs, de la drogue et l'apparition du sida et des ravages qu'il a fait.
Pas facile de vivre cela pour une enfant en bas âge. Alysia Abott écrira que c'était "vivre un secret". Mais elle a pu grandir et se construire dans un environnement fait de différences, de tolérance et de liberté d'être, de dire, d'exprimer qui au final l'aura enrichie. 20 ans après, malgré une vie rangée et qu'elle qualifie de bourgeoise, elle dira qu'elle a "toujours le sentiment de faire partie de cette communauté queer".
Ce qui m'a particulièrement plu, c'est qu'à travers la narration de sa vie et de la relation très forte qui l'unit à son père, de nombreuses thématiques sont abordées dans lesquelles chacun de nous peut se retrouver : la dimension de perte et la sensation de manque, la construction de l'identité et la quête de sens, les orientations sexuelles, l'amour, le lien filial, la créativité intellectuelle, la maladie, la mort, la liberté.
Et à travers tout cela, les sentiments de peur, de colère, de souf, de rébellion, d'incompréhension, de rejet, de solitude mais aussi de joie, d'amour, de partage, de tolérance, de sécurité affective.
Le plus cadeau, à mon sens, que ce père ait pu faire à sa fille, c'est de lui avoir permis d'être dans l'acceptation de ce qui est.
Tout simplement. Et cela ne m'a pas laissée indemne.