Désert solitaire conte les pérégrinations et les pensées d'Edward Abbey lors d'un long séjour dans un des plus parcs nationaux américains : Arches.
Des premières, on pourra retenir notamment la descente du Colorado en embarcation rudimentaire pendant une semaine de bonheur intense.
Des secondes l'extrait suivant synthétise l'état d'esprit de l'écrivain :
Je n'étais pas opposé à l'humanité mais seulement à l'anthropocentrisme.
Ainsi le temps d'une année, l'apprenti ranger fait preuve d'humour, de philosophie et de poésie face à un duo inextricable : le tourisme et la nature.
- Y a des bêtes dangereuses par là, ranger ?
- A part les touristes, je ne vois pas.
Il fait également preuve d'engagement.
Loin de se contenter de critiquer jovialement ce tourisme de masse motorisé déjà en plein boom aux Etats-Unis dans les années 60, il invite en toute simplicité à la destruction du barrage du Glen Canyon dont la construction débute. Tout comme Thoreau a préfiguré l'insoumission sociétale, Abbey pose les germes de la contestation écologique.
Désert solitaire est ainsi un ouvrage dans lequel - au gré de courts chapitres - le lecteur transitera de John Muir (dans ce que le naturalisme a de plus généreux) à Lovelock (scientifique ayant prédit la fin de l'humanité).
C'est insolite, souvent réjouissant, toujours interpellant.
Bref c'est indispensable.