Lors d’une courte interview, Pascal Rambert dit qu’il n’écrit pas sur des sujets, mais qu’il « travaille sur le langage. »
Dans Clôture de l’amour, la langue se forme autour de motifs, de pulsions, créé des adhérences, contraint ou libère. La forme du texte évoque une chute brutale, les mots heurtent. Après avoir lu puis vu la pièce, j’ai été surprise par la tenue de ce langage, que j’imaginais moins docile, plus libre dans son interprétation. Surprise aussi par la découverte naïve du sentiment que justement, rien n’était laissé au hasard, qu’il y avait un travail fouillé sur l’interprétation de ce texte.
C’est peut-être ceci qu’il y a de vertigineux dans un texte comme celui-ci.
L’impression qu’un texte nous appartient, tant nous pouvons le comprendre et lui donner forme, et le redécouvrir sur scène répondre à d’autres exigences dans son interprétation.
Pour revenir au motif du texte : deux personnes se séparent. Comment Pascal Rambert peut-il échapper à son motif ? Puisque celui-ci n’échappe pas au lecteur, puisqu’il résonne forcément quelque part, comme la pierre frappe le lac avant de sombrer au fond de l’eau. Ce n’est donc pas seulement la langue, mais plus probablement le travail sur la langue, établi autour de ce motif-là, qui ont permis, pour moi, que la pierre à la fois frappe l’eau, s’y enfonce et s’y perde. Avec depuis : le désir infini de la retrouver.