Chanson douce
7.2
Chanson douce

livre de Leïla Slimani (2016)

Critique de Chanson douce de Slimani

Chanson douce propose le portrait de deux femmes sur le fil du rasoir, la nourrice Louise qui souffre de sa solitude et de ses problèmes d'argent, et la mère Myriam qui est frustrée de ne plus travailler pour s'occuper de ses deux enfants. A priori, la rencontre entre ces deux femmes devrait leur être mutuellement bénéfique, puisque Myriam apporte à Louise de l'argent et des enfants qui lui permettent de réaliser sa vocation, tandis que Louise apporte à Myriam du temps libre, en faisant régulièrement des heures sup pour que Myriam puisse elle aussi travailler plus tard. Cependant, il s'avère rapidement que cet accord, parfait en apparence, met les deux femmes en opposition : Myriam a des doutes sur la manière dont Louise s'occupe de ses enfants, tandis que Louise e difficilement le fait de voir cette famille dans une aisance relative alors qu'elle-même pourrait tout perdre, y compris son logement, jusqu'au moment où elle craque.


Chanson douce apparait avant tout comme un livre cathartique, qui cristallise les doutes et la mauvaise conscience d'une jeune mère d'un milieu relativement aisé : est-il possible de conjuguer travail et enfants, sans que l'un empiète sur l'autre ? Peut-on être sûre que ses enfants sont en sécurité si on les confie à une autre ? La sécurité et la stabilité indispensables au foyer familial ne peuvent-elles pas perpétuer des injustices sociales (voir l'amie de Myriam qui met ses enfants dans le privé pour qu'ils ne subissent pas la mauvaise influence des élèves du public) ?


Le roman est bien écrit et bien construit, l'écriture et fluide et le rythme est maîtrisé, en particulier la manière dont le doute et la haine s'installe entre les deux femmes. Cependant, le développement des thèmes abordés et des personnages manque un peu d'originalité, ce type d'histoire où on oppose deux personnages venant de milieux sociaux très différents restant assez convenu, les questionnements présentés ci-dessus étant assez peu déés, et les personnages manquant parfois d'un peu plus de relief.

6
Écrit par

Créée

le 15 nov. 2023

Modifiée

le 14 nov. 2023

Critique lue 10 fois

MadameTeste

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Chanson douce

Le chant du néant

Je ne comprends pas. Le Goncourt, alors qu'en face on avait Babylone, Désorientale, Petit pays, 14 juillet... entre autres romans, tellement meilleurs. Chanson douce possède deux atouts majeurs: son...

Par

le 12 juil. 2017

39 j'aime

7

Doute amer

Comme ils sont étranges, les deux segments ouvrant et fermant ce récit. Ils semblent échappés d'une autre réalité, sans lien avec cette histoire (ils sont accompagnés de quelques visions du futur...

Par

le 26 avr. 2018

22 j'aime

9

Portrait de femme

J’aime les femmes à la dérive, les givrées sans que ça se voie, les qui tiennent à un fil, les qui menacent de rompre, les concentrés de dinguerie. Donc, j’aime Louise, la nounou parfaite,...

le 4 sept. 2016

21 j'aime

2

Du même critique

La détresse de Sylvia Plath

Premier et unique roman de Sylvia Plath, La cloche de détresse est un récit d'inspiration autobiographique dans lequel l'auteur décrit son expérience de boursière, ses désillusions et sa plongée dans...

le 21 nov. 2023

Anton Ego ?

Une gourmandise est un livre auquel je n'ai pas accroché, malgré les bonnes descriptions de nourriture associées à des souvenirs d'enfance : les personnages et les relations qu'ils ont avec le...

le 15 nov. 2023