Ouvrage lu en version originale.
Comment un enfant Noir, pauvre et à peine scolarisé, ayant grandi dans le Sud des États-Unis durant les années 1920 (et donc la Ségrégation) a-t-il pu devenir un écrivain alors que sa famille religieuse honni la lecture et que les bibliothèques sont réservées aux Blancs ?
C'est ce récit - plus ou moins autobiographique, mais est-ce bien important ? - que nous propose Richard Wright avec Black Boy, qui retrace chronologiquement et à la première personne le parcours d'un petit garçon Noir de Jackson (Mississippi) jusqu'à ce qu'il parvienne à partir pour Chicago à l'aube de sa vingtaine. Dans de telles circonstances, les thèmes ne manquent pas : la faim, la pauvreté, la religion, l'enfance battue, l'alcoolisme, l'orphelinat, les traitements difficiles, la peur des Blancs, la confrontation au racisme... Mais Black Boy n'est pas là pour nous apitoyer, ni pour nous choquer par la violence de cette vie. Tout est décortiqué, réfléchi, pensé et sous-pesé, comme si c'était par une mûre réflexion que naîtrait le sentiment d'altérité envers le protagoniste. Les explications pédagogiques de chaque fait et geste, les justifications de chaque émotion et réaction, bien que probablement nécessaires à l'époque de sa parution (la Ségrégation était alors loin d'être terminée), peuvent devenir un peu lourdes à la longue. Sans compter que la plume de l'auteur est assez déséquilibrée, entre sécheresse dans les ages dialogués et fioritures et répétitions dans les descriptions.
Un ouvrage à mettre d'urgence entre les mains d'Elon Musk et consorts pour leur faire comprendre ce que signifie grandir dans l'oppression.