Mira Bunting est militante écologiste, elle a des convictions et entend bien le faire savoir. Elle rêve de circuits courts, d’alimenter les personnes démunies, de gérer des potagers en copropriétés et avec son collectif Birnam Wood, elle sème à tout va même là où elle ne peut pas. Robert Lemoine est un milliardaire qui envisage la construction d’un bunker pour s’y protéger en cas d’apocalypse mais a d’autres intentions plus secrètes. Malgré une foule de personnages secondaires plus ou moins intéressants, c’est surtout entre ces deux protagonistes que se situent le cœur de l’histoire et le dualisme douloureux qui va les opposer.
Birnam Wood est un roman à la croisée de beaucoup de genres mais avec des thèmes récurrents comme la dégradation de la planète, l’activisme écologique, l’idéalisme radical ou l’urgence climatique on penserait plutôt à un manifeste pour le climat déguisé en roman. Les questions sous-jacentes ne manquent évidemment pas d’intérêt : l’activisme écologiste peut-il trahir ses convictions, et jusqu’où, pour atteindre ses objectifs ? ou Le capitalisme peut-il être bienveillant si cela lui permet de parvenir à son but ? D’une façon plus générale jusqu’où nos convictions peuvent-elles être bafouées si cela sert notre cause ? L’auteure n’y répond pas vraiment et laisse au lecteur le choix de son interprétation. Les autres thèmes abordés, et ils sont nombreux - la survie, la manipulation politique, l’éthique et le dilemme moral, le capitalisme et ses intérêts économiques, les dynamiques du pouvoir et d’autres encore - obligent parfois l’auteure à une construction (inutilement ?) compliquée et rendent souvent le propos général confus avec quelques fois des situations un peu trop manichéennes – le Bien vs le Mal- ou des prises de position sans nuances voire naïves. L’auteur prend également des positions assez radicales sur les questions environnementales et économiques qui pourraient en dérouter plus d’un. D’une façon générale son approche analytique, parfois abstraite, peut rendre les personnages et leurs dilemmes plus théoriques que véritablement émouvants.