Je dirais d’abord que c’est formel, qu’on se sent un peu guidés par un auteur qui a quelque chose à dire. On est plus attrapés par le col qu’emporté doucement par l’histoire, comme ce devrait l’être dans un roman fleuve.
Je dirais ensuite (et surtout) que Belle du seigneur est d’une force humaine rare. Solal est le véritable « étranger » ou nauséeux dans sa déchéance sociale. Il n’en appelle pas au néant de la vie tragique mais souffre concrètement de tout ce qu’il lui est refusé par la mesquinerie des autres : les babouins, les antisémites, les femmes aliénées par la bourgeoisie internationale…
Face à l’inflexible structure les sincères peuvent essayer de contracter dans un lobby d’hôtel l’amour idéal. Mais il est vite trop exigeant, et le réel ne pouvant pas suivre commande sa propre implosion.