Badjens
7.2
Badjens

livre de Delphine Minoui (2024)

Badjens par Ladythat

Chiraz, automne 2022. Badjens cherche le courage de brûler son foulard, enlevé quelques minutes plus tôt. Alors que la peur la quitte, elle se souvient de son existence et de tous les événements qui l’ont conduite à redre la foule des manifestants.


Bad-jens : mot à mot, mauvais genre. En persan de tous les jours: espiègle ou effrontée


"Morte avant même d’être née" , la jeune fille se remémore son enfance dans une famille où une fille n’était pas désirée. Son père impose une discipline stricte et une répression que seule sa mère parvient à adoucir par son soutien discret. Son existence n’est qu’effacement et soumission. Fantomisée. Pas de vie. Survie.


Mais dès son plus jeune âge, Badjens a su résister et se créer une double personnalité, une publique et une plus intime, qu’elle entretient au travers de son téléphone portable, seule fenêtre sur le monde extérieur, sur la vie en dehors de l’Iran.


Je déglutis une avalanche de mots retenus, mots chiffonnés de colère contre le harcèlement moral, physique, sexuel, contre tous ces mecs détraqués, obsédés par nos poils, nos voiles, qui couvrent nos corps quand ils ne peuvent en ab.


Alors que l’adolescente nous raconte son histoire, Delphine Minoui nous pousse à regarder en face l’oppression des iraniennes et la force de résilience de celles qui endurent chaque jour la violence et la répression d’un régime autoritaire qui enferment la moitié de sa population en lui refusant ses droits les plus élémentaires. Aux côtés de Badjens, le lecteur est invité à suivre la révolte de la jeune génération qui lutte pour sa liberté.


Récit d’apprentissage, Badjens tire sa force de son écriture forte et poétique qui résonne tel un chant d’espoir, un slam scandée, poing levé et foulard arraché, pour dénoncer la répression et gagner la liberté. C’est la révolte scandée « Femme, Vie, Liberté », né dans le sang, suite à la mort de Mahsa Amini, assassinée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ».


Un récit à lire et faire lire tant il est essentiel de comprendre que la liberté est un droit commun qui n’est pas encore acquis par tou.tes. Un récit qui raconte ce qu’être une fille peut signifier dans certains pays. Un récit dont la fin ouvre la porte à l’espérance et les possibilités.

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le 6 mars 2025

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