Comme on ne peut pas citer toute la pièce, on se contentera de quelques répliques d'Hermione dans le quatrième acte:
Ne vous suffit-il pas que je l'ai condamné
Ne vous suffit-il pas que ma gloire offensée
Demande une victime à moi seule adressée
Qu'Hermione est le prix d'un tyran opprimé
Que je le hais, enfin, Seigneur, que je l'aimai
Je ne m'en cache point, l'ingrat m'avait su plaire
Soit qu'ainsi l'ordonnât mon amour ou mon père
N'importe mais enfin réglez vous là-dessus
Malgré mes vœux, Seigneur, honteusement déçus
Malgré la juste horreur que son crime me donne
Tant qu'il vivra, craignez que je ne lui pardonne
Doutez jusqu'à sa mort d'un courroux incertain
S'il ne meurt aujourd'hui, je puis l'aimer demain
Mais Madame songez...
... Ah! C'en est trop Seigneur
J'ai voulu vous donner les moyens de me plaire
Rendre Oreste content, mais enfin je vois bien
Qu'il veut toujours se plaindre et ne mériter rien
Partez: Allez ailleurs vanter votre constance
Et me laissez ici le soin de ma vengeance
De mes lâches bontés mon courage est confus
Et c'est trop en un jour essuyer de refus
Je m'en vais seule au temple ou leur hymen s'apprête
Où vous n'osez aller mériter ma conquête
Là de mon ennemi je saurai m'approcher
Je percerai le coeur que je n'ai pu toucher
Et mes sanglantes mains, sur moi-même tournées
Aussitôt malgré lui dront nos destinées
Et tout ingrat qu'il est, il me sera plus doux
De mourir avec lui que de vivre avec vous
Quel plaisir de venger moi-même mon injure
De retirer mon bras teint du sang du parjure
Et pour rendre sa peine et mes plaisirs plus grands
De cacher ma rivale à ses regards mourants
Ah si du moins Oreste en punissant son crime
Lui laissait le regret de mourir ma victime
Va le trouver, dis-lui qu'il apprenne, l'ingrat
Qu'on l'immole à ma haine et non pas à l'Etat
Chère Cléone, cours, ma vengeance est perdue
S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue
Seigneur dans cet aveu dépouillé d'artifice
J'aime à voir que du moins vous vous rendiez justice
Et que voulant bien rompre un noeud si solennel
Vous vous abandonniez au crime en criminel
Est-il juste après tout qu'un conquérant s'abaisse
Sous la servile loi de garder sa promesse ?
Non non la perfidie a de quoi vous tenter
Et vous ne me cherchez que pour vous en vanter
...
Tout cela part d'un coeur toujours maître de soi
D'un héros qui n'est point esclave de sa foi
J'ai cru que tôt ou tard, à ton devoir rendu
Tu me rapporterais un coeur qui m'était dû
Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ?
Et même en ce moment où ta bouche cruelle
Vient si tranquillement m'annoncer le trépas
Ingrat, je doute encor si je ne t'aime pas
Et de la tirade finale d'Oreste
Grâce aux dieux ! Mon malheur e mon espérance
Oui je te loue, ô Ciel, de ta persévérance
Appliqué sans relâche au soin de me punir
Au comble des douleurs tu m'as fait parvenir
Ta haine a pris plaisir à former ma misère
J'étais né pour servir d'exemple à ta colère
Pour être du malheur un modèle accompli
Hé bien je meurs content et mon sort est rempli