Alberto Barrera Tyska est de retour en librairie. Qui ? l'écrivain vénézuélien, auteur de La maladie, un livre magnifique qui a connu un succès, euh, d'estime à sa sortie en 2010. Son nouveau roman, Les derniers jours du Commandant, évoque aussi une maladie, à savoir le cancer de Hugo Chavez qui pendant de longs mois impacta la vie politique mais aussi quotidienne au Venezuela. Ce roman choral, qui évoque parfois une telenovela, avec un grand nombre de personnages et des rebondissements fréquents, est tout à la fois un tour de force littéraire, sociologique et politique. La figure de Chavez y est très présente, comme en filigrane de toutes les existences vénézuéliennes et face à laquelle il est obligatoire de se positionner : pour ou contre. Et ce culte de la personnalité au temps des dissimulations du traitement istré au "lider" à Cuba se hissa à des hauteurs mystiques invraisemblables ! De charisme à chavisme, il n'y a qu'une lettre qui change et Barrera Tyszka, qui a par ailleurs signé une biographie de Chavez, propose une analyse très fine de l'incroyable pouvoir magnétique exercé par le Commandant sur son peuple. Les derniers jours du Commandant est avant tout le portrait d'un pays miné par la corruption, la pauvreté, la violence mais où les plus pures histoires d'amitié et d'amour peuvent aussi naître, comme entre deux jeunes adolescents qui font connaissance via internet. Malgré sa relative brièveté (à peine 250 pages) et grâce à un style délié et très vivant, Les derniers jours du Commandant mérite d'être lu aussi bien pour ses vertus romanesques que pour les informations données sur les états d'âme d'une nation au chevet de son président qui s'éloigne vers la mort. D'ailleurs, 5 ans plus tard, le pays ne s'en est pas vraiment remis et dérive vers une déliquescence de plus en plus prononcée.