Héros sur ordonnance

Deuxième roman de cet auteur publié en moins d'un an, après l'excellent La Destinée, la mort et moi : comment j'ai conjuré le sort (un peu d'auto-promo par ici), sorti en fin d'année 2016.


On y retrouve les qualités d'écriture du Monsieur : dialogues ciselés, personnage forts, humour sous-jacent (bien qu'il soit un poil moins présent que dans ses romans précédents).


L'histoire se déroule à New-York, et on y suit un groupe de cobayes volontaires qui testent des médicaments pour les labos pharmaceutiques. Chacun d'entre eux y trouve son compte, les essais étant bien payés et permettant, à condition de mentir effrontément lors des entretiens préalables, de ramasser un joli pactole.


En effet, il est théoriquement interdit de cumuler plusieurs tests en même temps, ou de les enchaîner de manière répétée. Mais les choses étant ce qu'elles sont, et le coût de la vie à New-York étant ce qu'il est, notre bande de joyeux lurons a fait des tests pharmaceutiques son travail à plein temps.


On suit donc cette joyeuse bande de paumés qui sont prêts à mettre leur santé en danger moyennant finance, et qui se refile entre eux leur bons tuyaux sur les tests "rentables" du moment et les labos avec lesquels il est bon de bosser. Jusque là, à part une critique larvée du système de santé américain et de ses dérives (un thème qu'on rencontre de plus en plus régulièrement dans les textes d'auteurs américains de ces dernières années, et je pense notamment à Les enfermés, de John Scalzi), le roman paraît plutôt gentillet...


Et puis, un événement vient tout chambouler. Le narrateur, un gars pas bien dans sa peau nommé Lloyd, se découvre un super-pouvoir, celui d'endormir les gens rien qu'en les regardant. Et il ne semble pas être le seul à avoir développé des pouvoirs puisque la presse ne tarde pas à parler de crimes d'un genre nouveau...


À partir de là, le roman devient plus délirant, Lloyd et ses amis devenant une ligue de super-héros s'étant fixé pour but la défense des SDF et marginaux de New-York. Tout cela n'allant pas, on s'en doute, sans quelques problèmes.


La découverte de ses pouvoirs va évidemment changer la vie de Lloyd et de ses amis cobayes, et l'amener à se poser moult questions sur sa relation avec sa compagne, Sophie, sur ce qu'il doit faire de son pouvoir et, plus largement de sa vie. On retrouve donc des préoccupations et des thématiques qui étaient déjà très présente (et même au cœur) de son texte précédent.


S. G. Browne situe d'ailleurs son récit dans le même univers, et le lecteur attentif reconnaîtra aux détours des pages, des personnages ou des scènes qu'on lui aura déjà dépeintes (avec un autre point de vue) dans La Destinée, la Mort et moi : comment j'ai conjuré le Sort. C'est assez intelligemment fait, pas gênant pour quelqu'un qui n'aurait pas lu le livre (les deux histoires sont indépendantes l'une de l'autre), et l'équivalent d'un sourire complice pour les autres.


Plus sombre que son texte précédent, Héros secondaires (c'est le titre VF), est un roman agréable, bien qu'un ton en-dessous à mon goût. L'humour y est moins présent, la situation dépeinte et sa conclusion plus douce-amère aussi.

8
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le 11 oct. 2017

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Math_le_maudit

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