On retrouve bien dans Ezéchiel la diversité des types d'oracles, auxquels s'ajoutent des paraboles, qui annoncent celles des Evangiles canoniques. De même, le mouvement furieux et vengeur qui donne lieu à des descriptions de la colère de Iahvé et des destructions réalisées ou à venir est bien présent, et c'est tout naturellement qu'Ezéchiel, plus encore que les autres grands prophètes, sonne comme un fondateur du genre de l'Apocalypse.
Toutefois, Ezéchiel ne se limite pas à des menaces et à des messages d'espoir plus ou moins explicites. Sa particularité est de procéder le plus souvent par visions splendides, d'une vigueur plastique toute baroque, mais dont le décryptage détaillé cause bien des casse-tête aux spécialistes. Ainsi en va-t-il de la célèbre vision d'Ezéchiel, placée en tête du livre présentant le tétramorphe, et les roues de feu ant le Trône.
La séduction iconographique et imaginaire de ces visions a largement conquis des interprètes dont la finalité était non pas scientifique, mais ésotériste ou occultiste. Les roues de feu ont été clairement assimilées parfois à des soucoupes volantes. En fait, l'étrangeté de ces visions plonge ses racines dans l'imagerie babylonienne, avec ses créatures étranges en bas- ou haut-relief, tels que les Kéroubim, ces chevaux ailés à tête humaine somptueusement barbue. La théologie postérieure a conduit à en faire des têtes de bébés ailés, ce qui constitue un affadissement évident et n'a plus qu'un lointain rapport avec l'original babylonien.
De même, la vocation apocalyptique d'Ezéchiel se retrouve dans la prophétie eschatologique sur le combat final contre Gog et Magog, souvent repris dans la culture occidentale comme symbole de l'affrontement ultime entre le Bien et le Mal, thème majeur d'innombrables récits épiques ou qui se veulent tels.
Enfin, Ezéchiel, dans son désir de rétablir l'observance de la Loi, reprend souvent le Deutéronome.
Un texte plein de richesses intellectuelles et émotionnelles.