Andrea de Carlo est une valeur sûre des lettres italiennes, célébré depuis ses débuts dans son pays. En , bizarrement, il reste peu connu malgré la parution dans le é de romans aussi remarquables que Macno, L'instant d'après, Amore ou, surtout, cette merveille qu'est L'apprenti séducteur. Et voici que surgit enfin en traduction son best-seller, classique absolu de la littérature transalpine, Deux sur deux, près de 30 ans après sa publication en Italie. Le livre s'étend sur plus de 20 ans, de l'adolescence à l'âge adulte de ses deux protagonistes principaux, Mario, le narrateur, et Guido, son ami, insaisissable et brillant. L'histoire d'une amitié entre deux rebelles à l'ordre établi, fustigeant le conservatisme italien, la compromission des pouvoirs et, par dessus tout, la laideur et l'immobilisme de leur ville natale, Milan. Deux garçons unis dans les luttes étudiantes de la fin des années 60 et dont la route diverge ensuite, sans se perdre de vue, chacun à la recherche d'un équilibre introuvable. La figure de Guido, enthousiaste de la vie mais inapte au bonheur, illumine le livre, personnage à la fois solaire, car charismatique, et saturnien, car voué à l'insatisfaction perpétuelle. De sa plume fluide, Andrea de Carlo raconte les années d'apprentissage des deux jeunes hommes, leur engagement politique entre maoïsme et anarchisme, des vacances sulfureuses en Grèce, l'apaisement d'une vie isolée à la campagne, pour Mario, et l'existence volatile de Guido, un temps célébré comme romancier avant d'être assassiné par la critique bien-pensante. Il ne s'agit de rien d'autre que d'un récit sur la quête impossible de rester fidèle à ses aspirations de jeunesse face aux contingences sociales. Un combat perdu d'avance qui est vécu de façon très dissemblable par les deux héros d'un livre d'une sobriété exemplaire dans l'intensité. L'occasion, pour ceux qui ignorent encore Andrea de Carlo de faire connaissance avec un auteur discret mais essentiel, à la douce puissance romanesque.