Mon avis : Autant le dire tout de suite : j’ai été déçue par Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre. Le thème était vraiment intéressant, et découvrir Lina déportée avec son frère et sa mère, ignorant tout du sort réservé à son père promettait un récit palpitant. Malheureusement, le livre s’ouvre sur une carte nous relatant le parcours que vont faire nos protagonistes. Nous apprenons ainsi qu’ils vont partir de la Lituanie pour se retrouver en Sibérie, et finalement gagner le pôle Nord 440 jours plus tard. Cela a très clairement gâté ma lecture, et a même provoqué une forme d’ennui. Sachant pertinemment qu’ils allaient survivre durant au moins un peu plus d’un an, les difficultés qu’ils rencontraient avaient forcément moins d’impact sur moi, puisque j’en connaissais déjà l’issue. De plus, un schéma similaire est plusieurs fois répété au cours du livre : ils sont déportés vers un nouveau camp, le voyage est très difficile, ils arrivent et sont confrontés à des conditions de survie inhumaines.
Lina est la narratrice de ce récit. C’est à travers ses yeux d’adolescente que nous allons découvrir leur vie dans les camps en tant que travailleur, et elle va grandir bien plus rapidement qu’elle ne l’aurait dû, étant confrontée à la douleur, à la séparation, à la mort… Elle va être témoin d’abominations, de ce que l’homme a de plus mauvais, d’à quel point il peut être cruel et r d’ingéniosité pour torturer ses pairs. Néanmoins, Ruta Sepetys a pris soin de ne pas écrire de scènes réellement choquantes, son ouvrage étant destiné à lectorat plutôt jeune. Jonas grandira lui aussi bien trop vite, et sa sœur tentera de le protéger. Leur mère va tout faire pour les préserver, pour leur rappeler que l’espoir reste permis et qu’il faut y croire. Et grâce à son don pour le dessin, Lina tentera de faire er des messages lui permettant de retrouver son père, mais elle souhaite aussi établir un témoignage pour les générations futures. Et n’omettons pas Andrius, un jeune homme de dix-sept ans qui va faire le voyage avec eux et qui va se lier d’amitié avec cette famille, et il n’hésitera pas à prendre des risques pour eux, même s’il ne sera pas toujours considéré à sa juste valeur. De nombreux autres personnages gravitent autour d’eux, Lituaniens comme Russes, opprimés comme oppresseurs, qui cohabiteront dans cette période sombre.
Bien évidemment, le récit de la vie dans les camps est intéressant et absolument révoltant, mais je n’ai pas ressenti de réelle empathie pour les personnages, à quelques exceptions près (je pense par exemple à une jeune mère qui perd son enfant pendant le voyage). Par ailleurs, je me suis quelque peu ennuyée à la lecture de Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre. En effet, comme évoqué précédemment, les chapitres se succèdent et se ressemblent. De fait, il n’y a pas de réelles surprises, et comme nous connaissons plus ou moins le fin mot de l’histoire dès les premières pages, je dois reconnaître que j’étais loin de brûler d’impatience de finir ce roman. Le style est pourtant fluide et les chapitres courts s’enchaînent rapidement. Je sais que de nombreux lecteurs ont apprécié ce livre, mais pour ma part, je suis ée à côté.
À recommander : Aux collégiens et lycéens qui étudient la Seconde Guerre mondiale, et à ceux qui s’intéressent à cette période et ont envie d’en découvrir un pan moins connu : l’histoire des Lituaniens qui ont été déportés par le NKVD dans des camps russes.
Une citation : « Je fermai la porte des toilettes et entrevis mon visage dans la glace. Je n’avais pas la moindre idée de la vitesse à laquelle il allait changer, se faner. […] C’était la dernière fois que je pouvais me regarder dans un véritable miroir ; je n’en aurais plus l’occasion avant une décennie, et même plus. » (p.21)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/10/02/ce-quils-nont-pas-pu-nous-prendre-ruta-sepetys/