Cover Sur les arts — sur l'art

Sur les arts — sur l'art

Les arts et l'art par les artistes eux-mêmes et les philosophes, des origines à nos jours.

Illustration : Sainte Cécilia de John William Waterhouse, 1885.

Liste de

12 livres

créée il y a 28 jours · modifiée il y a 24 jours
La Théogonie · Les Travaux et les jours
7.7

La Théogonie · Les Travaux et les jours

et autres poèmes

Sortie : 27 octobre 1999 (). Mythes & épopée, Poésie

livre de Hésiode

Antrustion a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Muses héliconiennes, ce commencement soit le vôtre !
Sur l'Hélicon, leur domaine, montagne grande et divine,
elles vont dansant délicatement près des sombres
eaux d'une source, honorant l'autel du Cronide farouche.
(...)
Elles enseignèrent jadis le chant à Hésiode,
lorsqu'il gardait ses moutons au pied des montagnes divines
de l'Hélicon : les déesses me dirent d'abord ces paroles (...) :
"Vils gardiens de bétail, ramassis méprisable de ventres !
Nous savons beaucoup de mensonges qui semblent sincères,
nous savons, quand nous le voulons, des discours véridiques."
Ainsi parlèrent les filles de Zeus aux justes paroles !
Elles cueillirent, pour me l'offrir, une branche irable
d'un laurier fleuri, m'insufflèrent la voix merveilleuse,
pour que je puisse ébruiter ce qui fut et sera par la suite,
et m'invitèrent à vanter les dieux d'éternelle naissance,
à commencer et finir éternellement par elles ! »

L'inspiration poétique est d'origine divine. Hésiode reçoit une branche de laurier, plante associée à Apollon, dieu des poètes et des musiciens (à une époque où la poésie était chantée), joueur de cithare et de lyre, conducteur des Muses. Par ce procédé, Hésiode affirme la vocation de la poésie à dire le vrai, de révéler les vérités les plus sacrées : les Muses choisissent l'inspiration poétique pour édicter le « discours véridique » qu'elles enseignent à Hésiode.

Iliade
7.9

Iliade

(traduction Mario Meunier)

Ἰλιάς

Sortie : 1943 (). Mythes & épopée

livre de Homère

une critique.

Annotation :

« Zeus nous a chargés d'une mauvaise part, pour que, plus tard,
Nous puissions être chantés par les hommes qui viendront. »

La détresse et le malheur des hommes sont rachetés par la poésie et les récits qu'ils inspireront, tournant malheurs en joie.

Le Banquet
7.4

Le Banquet

Sumpósion

Essai, Philosophie

livre de Platon

Antrustion a mis 7/10.

Annotation :

C'est la prêtresse Diotime qui parle, dont Socrate fut l'un des disciples :

« Tout ce qui est cause du age du non-être vers l'être pour quoi que ce soit, voilà en quoi consiste la poiésis (terme grec signifiant à la fois fabrication, production et poésie). »

On comprend ainsi d'une part que l'art était originellement pensé comme étant ce qui amène quelque chose à l'être (selon l'interprétation de Heidegger), et d'autre part qu'il n'y avait pas de distinction entre l'art au sens moderne et le travail artisanal, la fabrication. Le mot grec technè indique également à la fois ce que nous qualifions de beaux-arts et les travaux de l'artisan.

Le latin ars signifie également art, habileté et savoir-faire. Le vieux français ars s'applique à toute forme de travail intellectuel ou manuel amenant à produire quelque chose : le mot art désignait tout à la fois les métiers, les savoir-faire, les techniques, et même les sciences ou les disciplines produisant un savoir. Ainsi parle-t-on par exemple des arts occultes ou des arts martiaux, ou encore des arts et métiers dans certaines nomenclatures officielles de nos jours.

Prologue (1371)

Sortie : 1371. Poésie

livre de Guillaume De Machaut

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

Dans le Prologue de ses œuvres qu'il rassemble en 1371, Guillaume de Machaut, le grand poète et musicien du XIVe siècle (la poésie était chantée ; Machaut écrivit une œuvre poétique profane ainsi qu'une œuvre musicale sacrée), donne les raisons de son entreprise et la justifie.

Nature puis le dieu d'Amour l'élisent afin de lui conférer les qualités nécessaires à l'art poétique et à la musique (respectivement : Sens, Rhétorique, Musique ; Doux Penser, Plaisance et Espérance), ce dernier lui commandant de louer les dames.

La musique apporte la joie (notion chrétienne importante, associée à la foi dans le Salut annoncée par les Evangiles) :

« Et Musique est une science
Qui veut qu'on rie et chante et danse.
Cure n'a de mélancolie
Ne d'homme qui mélancolie (...).
Partout où elle est, joie y porte ;
Les déconfortés réconforte,
Et n'aient seulement de l'oïr
Fait elle les gens réjouir. (...)
Elle fait toutes les caroles
Par bourgs, par cités et par écoles,
Ou on fait l'office divin
Qui est fait de pain et de vin. »

La musique, en outre, plaît à Dieu, le loue, montre sa gloire, comme le montrent les Ecritures :

« J'ai oÿ dire que les anges,
Les saints, les saintes, les archanges,
De voix déliée, saine et claire,
Louent en chantant Dieu le père,
Pour ce qu'en gloire les a mis
Comme justes et parfaits amis (...).
Or ne peuvent les saints chanter,
Qu'il n'ait musique en leur chanter :
Donc est Musique en paradis.
David le prophète jadis,
Quand il voulait apaiser l'ire
De Dieu, il accordait sa lire,
Dont il harpait si proprement
Et chantait si dévotement
Hymnes, psaumes et oraisons,
Ainsi comme nous le lisons,
Que sa harpe à Dieu tant plaisait
Et son chant qu'il se rapaisait. »

Machaut se place également sous le modèle d'Orphée pour affirmer les pouvoirs surnaturels de la musique :

« Orphée mis hors Eurydice
D'enfer, la cointe, la faitice,
Par sa harpe et par son doux chant.
Ce poète dont je vous chante
Harpait si très joliment
Et si chantait si doucement
Que les grands arbres s'abaissaient
Et les rivières retournaient
Pour les oïr et écouter,
Si qu'on doit croire sans douter
Que ce sont miracles apertes
Que Musique fait. C'est vrai, certes. »

Finalement, la poésie loue les dames et sublime l'amour :

« Rhétorique versifier
Fait l'amant et métrifier,
Et si fait faire jolis vers
Nouveaux et de mètres divers (...).
Aucune fois rime sonnante
Et, quand il lui plaît, consonante ;
Et lui règle son langage
Par manière plaisante et sage. »

Essai sur l'origine des langues
6.5

Essai sur l'origine des langues (1781)

Sortie : 1781 (). Essai, Philosophie

livre de Jean-Jacques Rousseau

Antrustion a mis 6/10.

Annotation :

Rousseau conçoit l'art comme imitation. Il aboutit à la conclusion qu'en peinture, c'est le dessin qui remplit ce rôle d'imitation de l'art :

« Comme les sentiments qu'excite en nous la peinture ne vient point des couleurs, l'empire que la musique a sur nous n'est point l'ouvrage des sons. De belles couleurs bien nuancées plaisent à la vue, mais ce plaisir est purement de sensation. C'est le dessin, c'est l'imitation qui donne à ces couleurs de la vie et de l'âme, ce sont les ions qu'elles expriment qui viennent émouvoir les nôtres : ce sont les objets qu'elles représentent qui viennent nous affecter. L'intérêt et le sentiment ne tiennent point aux couleurs ; les traits d'un tableau touchant nous touchent encore dans une estampe ; ôtez ces traits dans le tableau, les couleurs ne feront plus rien.

(...)

Comme donc la peinture n'est pas l'art de combiner des couleurs d'une manière agréable à la vue, la musique n'est pas non plus l'art de combiner des sons d'une manière agréable à l'oreille. S'il n'y avait que cela, l'une et l'autre seraient au nombre des sciences naturelles, et non pas des beaux-arts. C'est l'imitation seule qui les élève à ce rang. Or, qu'est-ce qui fait de la peinture un art d'imitation ? C'est le dessin. Qu'est-ce qui de la musique en fait un autre ? C'est la mélodie. »

Rousseau, critique de l'éthique de contrôle de soi du classicisme et, précurseur du romantisme, pose l'art comme devant exprimer la perception des sens et les émotions. Il s'oppose à une conception mécaniciste et rationaliste de l'art qui ambitionne, avec les thèses de Rameau qu'il critique dans ce corpus de textes, d'employer la science pour déterminer définitivement la forme « vraie » de l'art. Rameau, partant de travaux sur la décomposition du son, déduit quelques intervalles musicaux fondamentaux qui doivent fonder une musique conçue comme une succession d'accords où la mélodie joue un rôle d'apparat ; il préconise la primauté de l'harmonie sur la mélodie.

Considérant que la mélodie assume le rôle imitateur de l'art en musique — la mélodie, qui est primitivement le chant, imite la langue et ses modulations devant exprimer les sentiments —, Rousseau préconise l'inverse : la musique doit être fondée sur la mélodie, qui peut être accompagnée à l'unisson par les autres orchestres, où l'harmonie peut servir à donner des couleurs. Il rejette globalement la polyphonie au profit de la monodie.

Le monde doit être romantisé
7.6

Le monde doit être romantisé (1799)

Sortie : 2002 (). Aphorismes & pensées, Poésie

livre de Novalis

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

(extraits du Brouillon général, 1798-1799)

Parmi les premiers romantiques allemands, Novalis présente dans son Brouillon général un ensemble d'idées disparates d'abord fortement marquées par l'enseignement de Hegel ou de Kant avant de trouver sa propre autonomie. Poursuivant les réflexions de Rousseau sur le roman, ici compris comme fiction, il aboutit à une éthique artistique qu'il qualifie de Philosophie romantique ; en romantisant le monde, le poète remplit un double devoir : répondre à l'essence de l'homme, au désir d'élévation spirituelle et à la nécessité d'exister dans le monde comme un ensemble de significations touchant à l'essence-même des choses. La poésie dévoile la vérité de l'étant - voire de l'être.

« Le monde doit être romantisé. C'est ainsi que l'on retrouvera le sens originel. Romantiser n'est rien d'autre qu'une potentialisation qualitative. Le Soi inférieur en cette opération est identifiée à un Soi meilleur. Nous sommes nous-mêmes une telle série de puissances qualitatives. Cette opération est encore totalement inconnue. Lorsque je donne à l'ordinaire un sens élevé, au commun un aspect mystérieux, au connu la dignité de l'inconnu, au fini l'apparence de l'infini, alors je les romantise. »

« La poésie est le réel absolu. Ceci est le noyau de ma philosophie. Plus une chose est poétique, plus elle est réelle. »

Les Disciples à Saïs - Hymnes à la nuit - Chants religieux
8

Les Disciples à Saïs - Hymnes à la nuit - Chants religieux (1802)

Die Lehrlinge zu Sais - Hymnen an die Nacht - Geistliche Liede

Sortie : 8 avril 1980 (). Poésie

livre de Novalis

une critique.

Annotation :

La poésie comme dévoilement de l'essence des choses :

« Celui qui veut bien connaître l'âme [de la Nature], doit la chercher en compagnie du poète : c'est là qu'elle est ouverte et que s'épanche son cœur plein de merveilles. »

Le Gai Savoir
7.9

Le Gai Savoir (1882)

(traduction Patrick Wotling)

Die fröhliche Wissenschaft, la gaya scienza

Sortie : 1882. Philosophie

livre de Friedrich Nietzsche

Antrustion a mis 8/10.

Annotation :

Le peintre réaliste

« "La nature, fidèlement et tout entière !" —
Comment s'y prendra-t-il ?
Quand donc la nature serait-elle épuisée dans l'image ?
Infinie est la plus petite part du monde ! —
Il n'en peint, en fin de compte, que ce qui lui plaît.
Et qu'est-ce qui lui plaît ? Ce qu'il sait peindre ! » (p. 51)

Par-delà le bien et le mal
8.1

Par-delà le bien et le mal (1886)

(traduction Henri Albert)

Jenseits von Gut und Böse : Vorspiel einer Philosophie der Zukunft

Sortie : 1898 (). Essai, Philosophie

livre de Friedrich Nietzsche

Annotation :

« Les poètes traitent leurs expériences de manière éhontée : ils les exploitent. »

Notes sur la mélodie des choses
7.8

Notes sur la mélodie des choses (1898)

Sortie : 1955 (). Essai, Poésie

livre de Rainer Maria Rilke

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

« Toutes ces opinions sur l'art, y compris celles de Tolstoï, ont un point commun : on ne considère pas tant l'essence de l'art, toutes s'efforcent bien plutôt d'expliquer celui-ci à partir de ses effets. (...)
Pour le créateur, Dieu est l'accomplissement ultime et le plus profond. Et lorsque les gens pieux disent : "Il est", et que les gens tristes disent : "Il fut", l'artiste dit dans un sourire : "Il sera." Et sa foi est plus que de la foi ; car il travaille lui-même à construire ce Dieu. (...)
L'œuvre d'art s'expliquerait donc ainsi : comme une confession profondément intérieure qui prend prétexte d'un souvenir, d'une expérience ou d'un évènement pour se livrer et qui, détachée de son auteur, peut exister seule.
Cette autonomie de l'œuvre d'art, c'est la beauté. Avec chaque œuvre d'art vient au monde quelque chose de nouveau, une chose de plus. (...)
Les explications de l'art qui se fondent sur l'effet (...) sont contraintes de commettre la faute de parler non de la beauté, mais du goût, c'est-à-dire, au lieu de Dieu, de la prière. (...)
Il nous faut dire expressément que l'essence de la beauté ne réside pas dans l'effet, mais dans l'être. Sinon, les expositions florales et les parcs devraient être plus beaux qu'un jardin sauvage qui fleurit pour lui seul quelque part et dont personne ne sait rien. (...)
Ou bien l'enfant gagne en âge et en raison au sens de la société bourgeoise (...), ou bien il continue simplement à mûrir en paix sur son propre fonds, à partir de l'enfant qu'il était comme nul autre, (...) et devient artiste.
C'est à ces profondeurs, et non pas au grand jour des normes acquises de l'école, que s'étendent les racines de la véritable créativité artistique. »

Le paysage, presque absent de la peinture avant le XVe siècle, devient un thème en soi, et les personnages en disparaissent peu à peu.

« Dans cette croissance de l'art du paysage réside une vaste évolution humaine. Le contenu de ces tableaux (...) nous dit qu'un avenir a commencé au milieu de notre époque : il nous dit que l'homme n'est plus l'être de société qui marche en équilibre parmi ses semblables, et qu'il n'est plus non plus celui à qui s'adresse l'alternance du soir et du matin, du proche et du lointain. Mais qu'il est placé parmi les choses comme une chose, infiniment seul, et que tout ce qu'ils avaient de commun s'est retiré des choses et des hommes pour se réfugier dans la commune profondeur où s'abreuvent les racines de tout ce qui est en croissance. »

Élégies de Duino / Les sonnets à Orphée
8.3

Élégies de Duino / Les sonnets à Orphée (1922)

Edition bilingue français-allemand

Sortie : mars 2010 (). Poésie

livre de Rainer Maria Rilke

Antrustion a mis 10/10.

Annotation :

« Un dieu a ce pouvoir. Mais un homme, dis-moi,
comment le suivrait-il par son étroite lyre ?
Son esprit est discorde. Où deux cœurs ont leurs routes,
nul temple à leur intersection pour Apollon.

Le chant, tel qu’enseigné par toi, n’est pas désir,
pas quête d’un encore et d’un enfin atteint ;
le chant est existence. Au dieu rien de plus simple.
Mais nous, quand sommes-nous ? Et quand par lui notre être

est-il visée et but de la terre et des astres ?
Que tu aimes, jeune homme, est loin d’être cela,
quand ta voix forcerait ta bouche — et tu chantais,

apprends à l’oublier. C’est chose agère.
Chanter en vérité est un tout autre souffle.
Un souffle pour rien. Un vol dans le dieu. Un vent. »

Sonnets à Orphée, I, III.

« Le monde aurait beau être
aussi changeant que les nuages,
quand achevé, tout fait retour
au temps des origines.

Changement, marche, au-dessus d’eux,
et plus vaste et plus libre,
présent encore est ton prélude,
dieu qui portes la lyre.

Souffrir n’est pas simple à connaitre,
aimer n’est pas matière apprise,
ce qui dans la mort nous éloigne

n’est pas dévoilé. Seul
le chant au-dessus de la terre
est fête sanctifiante. »

Ibid., I, XIX.

Que ma joie demeure
7.7

Que ma joie demeure (1935)

Sortie : 1935 (). Roman

livre de Jean Giono

une critique.

Annotation :

« Ecoute, écoute ce qu'il dit avec le clairon. Dès qu'ils ne parlent plus avec leurs mots on dirait qu'ils comprennent. C'est au fond de leur cœur. Il y a encore de l'espoir. Ils ont déjà eu besoin de musique. C'est bon signe. »

Antrustion

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