Lu en 2025

Liste de

16 livres

créée il y a 5 mois · modifiée il y a 5 jours
Sur les ossements des morts
7

Sur les ossements des morts (2009)

Prowadz swoj plug przez kosci umarlych

Sortie : 2012 (). Roman

livre de Olga Tokarczuk

Venantius a mis 6/10.

Annotation :

*Sur les ossements des morts* est un livre habile mais qui m'a déçu, pour un prix Nobel. Il est très habile comme produit romanesque : son personnage principal de vieille femme isolée dans un poudroiement de maisons à la limite de la Pologne et de la "Tchéquie" est bien fait, situé par une myriade de petits faits (l'astrologie, les chiens disparus, la traduction de Blake...), conforté par de petites touches psychologiques très crédibles. Cette efficacité de procédé, doublé d'un thème très contemporain – nos rapports avec les autres animaux –, fait un best-seller méritoire. Mais, avec l'aura du Nobel, je m'attendais à plus d'ambition ou de hauteur. Le style est très plat (ce qui n'est sans doute pas attribuable qu'à la traduction). Surtout, la narration est invraisemblable : si l'on sait depuis *Le Meurtre de Roger Ackroyd* que le narrateur d'un roman policier peut en être le coupable, un tel rebondissement requiert beaucoup de maîtrise et, idéalement, doit conduire à revisiter l'ensemble de l'intrigue à la lumière de ce retournement de situation. Rien de tel ici, et l'on a seulement l'impression que des morceaux de l'intrigue ont été commodément découpés pour justifier la fin.

La Place
7.2

La Place (1984)

Sortie : 1984 (). Roman

livre de Annie Ernaux

Venantius a mis 9/10.

Annotation :

Petit livre acéré comme une lame, *La Place* survole la masse plus ou moins digeste d'écrits sur le thème, assez pénible à force de ressassement, de ce qu'il est désormais convenu d'appeler les transfuges de classe. Il s'agit, en quelque sorte, de l'Urtext du genre. Annie Ernaux saisit l'histoire de sa famille, lancée sur un laborieux chemin d'ascension sociale, dont elle est la légataire infidèle. Son écriture sans aucune affectation, dépourvue de toute prétention au style, est celle, dit-elle, de ses lettres à sa famille ; lettres dans lesquelles elle a peu de choses à dire et ne pourrait, de toute façon, faire comprendre une tentative d'ornement stylistique. L'entreprise personnelle et intellectuelle fait corps, avec une évidence rare, avec les partis formels – même si cela peut sembler paradoxal devant une écriture aussi dépouillée. L'autrice ne s'essaie à aucune tentative d'épuisement conscient de son sujet ; et en même temps, ses brèves observations semblent résumer tout ce qu'on a lu d'intelligent à ce propos.

Hammerstein ou l'intransigeance
7.1

Hammerstein ou l'intransigeance (2008)

Hammerstein oder der Eigensinn

Sortie : 11 février 2010 (). Récit, Biographie

livre de Hans Magnus Enzensberger

Venantius a mis 8/10.

Annotation :

Superbe livre qui pousse jusqu'au bout le potentiel de la forme déjà expérimentée par Enzensberger dans son Bref Été de l'anarchie. *Hammerstein* est une étude du général Kurt von Hammerstein et de sa famille, qui ont réellement existé. Le général, qui a été (sans le nom) chef d'état-major des armées en Allemagne jusqu'en 1934, était un opposant au nazisme, mais qui considérait avec fatalisme qu'il fallait laisser le peuple allemand le boire jusqu'à la lie. Il se met en retraite avant que le nouveau régime ne l'écarte, après qu'Hitler a exposé dans sa salle à manger ses plans pour détruire la démocratie et conquérir la Russie dès 1933. Son intelligence lucide et sa résolution, à elles seules, impressionnent, et les ages sur lui sont les meilleurs du livre. S'ajoute à ce portrait individuel celui de ses enfants : au nombre de sept, ils ont tous été des résistants au nazisme, sous des formes variées. Deux des trois garçons ont participé à la tentative d'assassinat de Hitler le 20 juillet 1944 ; deux des filles ont été des communistes convaincues, l'une allant jusqu'à s'installer en RDA après la guerre : la sœur puînée a épousé un Juif alors que les mesures antisémites battaient déjà leur plein... Le plus énigmatique est que cet engagement ne semble pas né d'une solidarité familiale à toute épreuve, ou de la transmission explicite de "valeurs" aux enfants, dont certains ont d'ailleurs renié au nom du communisme leur famille aristocratique, quoique ablement désargentée. Ce qui caractérise plutôt les Hammerstein, c'est leur indépendance d'esprit et leur grande liberté ; leur persévérance voire leur obstination (plutôt que leur "intransigeance", comme le dramatise le titre français).

François Mitterrand
7.7

François Mitterrand (2015)

Sortie : 5 mars 2015. Histoire

livre de Michel Winock

une critique.

Annotation :

Voir critique.

La Méprise
7.3

La Méprise (1934)

Отчаяние

Otchayanie

Sortie : 1939 (). Roman

livre de Vladimir Nabokov

Venantius a mis 7/10.

Annotation :

*La Méprise* est un Nabokov un peu fou, qui lorgne du côté de *Feu pâle*. Son narrateur, commercial raté, dont la femme le trompe à l'évidence avec son cousin peintre sans qu'il en sache rien, se persuade d'avoir rencontré son double presque parfait – dans une pique à Dostoïevski, archétype du "roman-russe" que Nabokov ne goûtait guère (ce qui ne l'empêche pas d'avoir d'excellentes idées dans cette veine, comme la scène de candaulisme bizarre où le narrateur voit sa femme coucher avec lui-même). L'anti-héros saute sur l'occasion pour monter une combine diabolique d'assurance sur la vie, qui rate magistralement. Contrairement aux romans russes antérieurs de Nabokov, toute trace de point de vue omniscient est effacé : le seul accès du lecteur au roman, c'est le monologue interne bizarre du protagoniste, dont on comprend vite qu'il a la folie des grandeurs et qu'il est tout sauf fiable. Il faut quelques dizaines de pages, un peu languissantes, pour que cette mécanique s'installe. Une fois lancée, elle est assez réjouissante, d'autant que Nabokov parsème le récit de parodies plus ou moins explicites de genres littéraires (celle des romans épistolaires, p. 1122 en Pléiade, est assez hilarante).

Rire dans la nuit
7.9

Rire dans la nuit (1938)

Laughter in the Dark

Sortie : février 1992 (). Roman

livre de Vladimir Nabokov

Venantius a mis 8/10.

Annotation :

*Rire dans la nuit* est encore parfois connu sous le titre de sa première édition russe, *Chambre obscure*, avant qu'elle ne soit révisée en profondeur, cette fois en anglais, par Nabokov. On lit parfois, mais je n'arrive pas à en trouver la source, qu'il y aurait vu son plus mauvais roman. A supposer que cela soit vrai (et que cela ne porte pas sur la première édition qu'il a fortement révisée) ce point de vue me semble injuste. *Rire dans la nuit* est peut-être, certes, l'un des romans les plus conventionnels de Nabokov, avec son drame bourgeois d'infidélité – encore que la fin grotesque, où le protagoniste est plongé dans la nuit qui donne son titre au roman, ainsi que l'inquiétant personnage d'Axel Rex, nous rappellent à l'inimitable imaginaire de Nabokov. Mais l'auteur est brillant dans l'exercice, de pastiche plus que de parodie ; et son incipit, qui résume l'intrigue en deux phrases, est l'un des meilleurs que j'ai lus, alors même que je le soupçonne d'avoir été écrit au second degré (seul Rimbaud arrive à ce sommet !). Certes encore, *Rire dans la nuit* est stylistiquement assez classique, encore qu'on y trouve quelques petits joyaux (ainsi de la description de la villa louée par Albinius et Margot), et surtout une ironie mordante ("tout était permis : un amour puritain, prude et pudique était encore plus étranger à ce nouvel univers de liberté qu'un ours blanc à Honolulu"). Il me semble d'ailleurs que c'est un excellent Nabokov pour débutants, qui donne un bon avant-goût du génie stylistique du maître, et de certains de ses thèmes récurrents, mais dans un roman de facture rassurante.

L'Incertitude qui vient des rêves (1983)

Sortie : 1 septembre 1983.

livre de Roger Caillois

Venantius a mis 7/10.

Annotation :

Petit essai curieux, qui se distingue volontairement de toute la discussion psychologique et poétique sur la portée du rêve pour n'en retenir, comme par défi intellectuel, qu'une valeur : l'incertitude qu'elle fait peser sur le réel, dans la droite ligne du fameux paradoxe du papillon, posé par l'auteur taoïste Zhuangzi. Défendant contre Descartes et Pascal, pour lesquels ce paradoxe se résout par la cohérence supérieure de l'éveil par rapport au rêve, Roger Caillois soutient qu'il n'est pas toujours si facile de distinguer l'un de l'autre, derrière le léger voile de l'oubli. La démonstration n'est qu'à moitié convaincante, mais elle est assez charmante. Et on peut tout de même souscrire sans réserve aux pages finales : l'"ultime réticence que le rêve permet ou encourage, ne va pas sans apporter avec elle la faveur d'une irable et supplémentaire indépendance. Il n'est bon pour personne de se montrer trop attaché au siècle, je veux dire à l'entrelacs des devoirs, des soucis et des ambitions qui absorbent normalement le temps et la vie. Si nobles, si importants que nous les imaginions, il est sain que parfois nous traverse le sentiment de leur vanité."

Les Envoûtés
6.9

Les Envoûtés (1939)

Opetani

Sortie : 1996 (). Roman

livre de Witold Gombrowicz

Venantius a mis 5/10.

Annotation :

*Les Envoûtés* est un feuilleton alimentaire de Gombrowicz, traduit tardivement en français... ce que l'on peut comprendre au regard de son intérêt somme toute limité. Le début se lit comme un pastiche pas déplaisant de roman gothique, avec son couple fatal (Walczak-Maya) et son cadre typique – la pension de famille et le château menaçant et à moitié ruiné, à la Gormenghast. Mais l'exercice de style perd vite de son charme et les rebondissements qui prolongent artificiellement l'intrigue, en déplaçant les protagonistes en ville, sont de moins en moins convaincants ; la terreur que l'on essaie de nous faire ressentir pour une mystérieuse serviette hantée (!) ne prend jamais, sans que le roman vire jamais vraiment vers la parodie non plus.

L.A. Confidential
8

L.A. Confidential (1990)

Sortie : juin 1990 (). Roman, Policier

livre de James Ellroy

Venantius a mis 7/10.

Annotation :

Dans un de ses livres les plus connus, James Ellroy signe le roman néo-noir par excellence. *L.A. Confidential* entrelace les parcours de trois policiers : Bud White, flic brutal et obsédé par les "wife-beaters" ; Ed Exley, héritier d'un père célèbre, marginal au sein de la police et tourmenté par l'ambition ; Jack Vincennes, enquêteur plus ou moins raté qui vit de sa proximité trouble au monde du spectacle. Très habilement, la narration se focalise d'abord sur le *Bloody Christmas*, dans lequel des hommes du LAPD brutalisent des détenus – cet événement va entraîner un point de rupture pour chacun des personnages, et une haine durable entre Exley et White. Mais le cœur de l'intrigue, c'est le massacre apparemment dénué de but de plusieurs personnes dans un bar de nuit, le *Nite Owl*. Chacun des trois personnages détient à son sujet un bout d'une vérité que tout le monde aurait intérêt à taire... Le roman a ses excès : excès de violence, à force de descriptions outrées des corps martyrisés par des assassinats brutaux ; excès de doubles fonds dans l'intrigue policière, dont on perd le fil aux deux tiers du roman, tant les pistes s'accumulent en tout sens. Cela dit, le roman reste impressionnant à la fois comme étude de personnages et pour son ambiance.

L'Arc-en-ciel de la gravité
8.1

L'Arc-en-ciel de la gravité (1973)

Gravity's Rainbow

Sortie : 1975 (). Roman

livre de Thomas Pynchon

Annotation :

Troisième Pynchon, deuxième échec : pas davantage que dans l'également volumineux *Against the Day* je n'ai trouvé pied dans *L'Arc-en-ciel de la gravité* (*Gravity's Rainbow*), réputé le chef-d'œuvre de son auteur. La générosité de la prose subjugue parfois, par exemple dans le très beau chapitre consacré à une messe de Noël laquelle assistent Jessica et Roger ; de même, l'astuce d'une description, la drôlerie d'une remarque, font parfois sourire. Mais ceci ou cela ne compense pas le fatras de chapitres incompréhensibles, de prose indigeste, que l'on traverse pour profiter de ces quelques bons moments. On a l'impression de traverser l'appartement d'un vieux monsieur atteint du syndrome de Diogène, formidablement encombré, dans lequel on trouve certes quelques belles babioles, mais surtout un désordre indescriptible dont l'accumulation présente un intérêt pour le moins aléatoire. Je renonce donc après une vingtaine de petits chapitres...

Les Ailes de la colombe
7.8

Les Ailes de la colombe (1902)

The Wings of the Dove

Sortie : 1953 (). Roman

livre de Henry James

Soumission
6.3

Soumission (2015)

Sortie : 7 janvier 2015. Roman

livre de Michel Houellebecq

Venantius a mis 5/10.

Annotation :

Après des années à résister à Houellebecq et aux chaudes recommandations qui l'entouraient, je me suis résigné à lire *Soumission*, qui ne m'a surpris ni en bien ni en mal. La prose est drôle, notamment dans les premiers chapitres, qui ressemblent à un petit essai anti-contemporain, ou à une tribune ronchonne mais assez réussie du Fig' mag'. La fiction politique est schématique et invraisemblable, sans doute volontairement – il est un peu gênant qu'on ait lu à l'époque comme un roman politique ce qui est essentiellement un jeu d'esprit sur les convergences possibles entre la bourgeoisie désappointée par la modernité individualiste, d'une part, et un islam politique respectable, adapté à l'Occident, d'autre part. Ensuite, je vois tout de même fort peu de choses qui donneraient à ce livre un quelconque titre à la grandeur littéraire : le style est efficace mais très plat dès qu'il quitte le terrain de la satire ; les personnages sont des caricatures qui remplissent des fonctions assez évidentes ; l'intrigue n'a pas (grand ?) enjeu...

Siddhartha
7.7

Siddhartha (1922)

Siddhartha. Eine indische Dichtung.

Sortie : 1975 (). Roman

livre de Hermann Hesse

Annotation :

Ce roman de Hermann Hesse est assez typique des contes philosophiques de sa seconde partie de carrière littéraire. Mais ce n'est pas celui qui m'a le plus plu. La recherche de l'accomplissement individuel par Siddhartha y est peut-être un brin plus didactique et moins ambiguë que dans le *Loup des steppes* ou dans *Narcisse et Goldmund* – parce que le personnage y est moins tourmenté et paradoxal que dans le premier, et l'univers moins épais que dans le second. Il est au age intéressant d'apprendre que Hesse, bien qu'élevé dans une famille qui connaissait l'Inde, où l'un de ses grands-pères avait été missionnaire, et y ayant fait un voyage en 1911, avait été assez déçu par l'Asie "réelle". Le témoignage qu'il laisse dans Siddhartha est donc davantage le produit d'un voyage intellectuel, imaginaire, que du dépaysement des cartes postales.

Un été avec Proust
6.8

Un été avec Proust (2014)

Sortie : 15 mai 2014. Essai, Littérature & linguistique

livre de Jérôme Prieur

Venantius a mis 7/10.

Annotation :

Deuxième de la série *Un été avec...*, ce petit livre composé d'une quarantaine de billets présente autant d'approches thématiques d'*À la recherche du temps perdu*. Les ages les plus réussis, au début du livre, sont ceux que l'on doit aux proustiens de référence, Antoine Compagnon et Jean-Yves Tadié ; d'autres sont plus dispensables ou moins convaincants. On glane en tout cas dans tout l'ouvrage diverses *curiosae* proustiennes (par exemple, qu'un des modèles du village de Combray – dont on sait qu'il aurait pu être champennois – était à Auteuil ou qu'il n'existe pas de "petit pan de mur jaune" dans la *Vue de Delft*) et des idées intéressantes (ainsi la remarque selon laquelle Swann est un "Jean-Baptiste" annonçant le narrateur). Et puis, surtout, on relit de longs extraits de la Recherche, certains célèbres, d'autres moins connus, à la fois drôles, magistraux et émouvants, et en cela fort illustratifs de ce qui est sans nul doute LE chef-d'œuvre du roman européen.

Les Infortunes de la vertu
6.8

Les Infortunes de la vertu (1787)

Sortie : janvier 2007 (). Roman

livre de Marquis de Sade

Venantius a mis 9/10.

Annotation :

Ce premier état de la Justine de Sade, composé en quinze jours était, d'après Paulhan qui en donna une longue préface, le meilleur. C'est en tout cas le plus court, de très loin, et donc le plus fidèle à l'idée essentielle de Sade pour son œuvre : celle d'un conte moral à la manière habituelle du XVIIIe siècle. Seulement, la morale que l'on y découvre, si elle a quelque chose du piquant de Voltaire et Montesquieu, est moins conventionnelle : à travers le portrait d'une oie blanche, Justine (dont la vertu obstinée et naïve prête souvent à rire), il prétend démontrer que la morale conventionnelle est absolument caduque dans un monde sans Dieu et gouverné essentiellement par l'envie de posséder et de jouir. Il y a quelque chose d'étrangement convaincant dans les longs discours philosophiques par lesquels les "libertins", notamment la Dubois, une criminelle endurcie, cherchent à gagner Justine à leur cause. Sans doute parce que Sade, avec un génie provocateur, a su pousser à son extrémité les thèses des penseurs avancés de son temps, et à tirer toutes les conséquences de la démolition des piliers de la pensée traditionnelle. C'est, en quelque sorte, l'homme sans Dieu tel que l'imagine Dostoïevski. Dans tout cela, il y a peu de sexe, rien en tout cas qui voisine le catalogue des *Cent-vingt journées de Sodome*, qui est antérieur ; les scènes érotiques et de sévices sont encore assez réduites dans cette première version.

Du côté de chez Swann
8

Du côté de chez Swann (1913)

À la recherche du temps perdu / 1

Sortie : 14 novembre 1913. Roman

livre de Marcel Proust

Venantius

Liste de

Liste vue 72 fois

2