Albums 2025 écoutés
MAJ 07/04/25 : Destroyer - Dan's Boogie
MAJ 15/04/25 : Black Country, New Road - Forever Howlong
MAJ 18/05/25 : Panchiko - Ginkgo
MAJ 18/05/25 : Arcade Fire - Pink Elephant
MAJ 22/05/25 : kanekoayano - 石の糸
46 albums
créée il y a 4 mois · modifiée il y a 2 joursAll Is Weird And Ridiculous (2025)
Sortie : 10 janvier 2025 ().
Album de Le Reste
Annotation :
Indie Pop / Indie Rock / Piano Rock / Indietronica
La surprise de ce début d'année. Le Reste est un artiste français, que ceux qui traînent sur Rate Your Music connaissent peut-être sous le pseudo Ghost_Train (et ici, sous le pseudo leaids - nom de son ancien projet). J'ai découvert pour l'occasion qu'il produit de la musique, et de la bonne musique, dans un style indie pop bien écrite et composée (mention spéciale aux deux titres d'ouverture, Life et By the Window, ainsi qu'au morceau The Last Time I Was Happy) dont les singularités et le sens du décalage - notamment dans ces motifs de piano accrocheurs - traduisent le style atypique et la vision unique qui se dégagent des écrits du gars disponibles sur le net. Mais plus que tout, All Is Weird And Ridiculous est un album déchirant, puisqu'il a été écrit en mémoire de la compagne de Le Reste, décédée récemment. Les paroles des morceaux évoquent le deuil, la mort, la mémoire, les souvenirs, la haine de soi, avec des images et des formules percutantes - un mélange d'émotions viscérales qui n'est pas sans rappeler pêle-mêle Sufjan Stevens, Mount Eerie ou Eels, jusqu'au climax atteint par The Last Time I Was Happy. Voir ma critique pour plus de détails.
Balloonerism (2025)
Sortie : 17 janvier 2025 (). Hip Hop
Album de Mac Miller
Annotation :
Jazz Rap / Neo-Soul / Abstract Hip Hop / Neo-Psychedelia / Experimental Hip Hop / Cloud Rap
Nouvelle sortie posthume de Mac Miller, cinq ans après le très bon Circles, qui m'avait fait découvrir la musique de l'artiste et m'avait agréablement surpris. Si cela continue, la discographie du bonhomme contiendra plus d'albums posthumes que sortis de son vivant - pour l'instant on est à 3 contre 2. Cela étant dit, le cas de Balloonerism est plus complexe car cet album a été enregistré en 2014, quand Mac Miller était encore de ce monde, mais il n'a jamais eu droit à une sortie commerciale, la faute à un style plus singulier et moins facile à marketer. Apparemment, l'album s'échangeait entre fans de manière illégale sur le net, ce qui a poussé les ayant-droits de Miller à sortir une version officielle. La démarche est donc plutôt excusable, et ne semble pas motivée uniquement par l'appât du gain. L'œuvre de Mac Miller est respectée. Je trouve que ça permet d'apprécier Balloonerism à sa juste valeur. Sans cela, on pourrait avoir l'impression que les singularités de la musique sont le résultat d'un projet rapiécé et artificiel, alors que les errances sont justement le fruit d'une démarche artistique étonnante qui fait la part belle à l'évanescence. On est à mille lieux de Circles et ses morceaux lisibles, aux formules globalement accrocheuses. Balloonerism ressemble à une ballade, à un voyage ininterrompu dans un univers vaporeux et psychédélique, sur lequel on a peu de prises. Le premier peut s'avérer déroutant, je n'ai pas compris tout de suite cette musique qui s'échappe constamment, se fait abstraite, crafte un groove minimaliste, parfois absent, et des sonorités en sourdine, les transitions paraissant invisibles au premier abord tant l'homogénéité de la production est idéale. Le flow est roi, le flow musical, atmosphérique, avant le flow vocal, toujours aussi traînant chez Mac Miller - ce qui participe à la léthargie envapée de cette musique hypnotique. Ce qui paraît être une faiblesse - l'homogénéité, l'absence de véritables accroches et de pics (quand même, un faible pour Stoned, Excelsior et Manakins, mais aucun vrai tube) - est en réalité la grande force de l'album. Certains trouveront cette musique monotone et répétitive, elle témoigne en fait d'une maîtrise pointue du rythme et des ambiances.
EUSEXUA (2025)
Sortie : 24 janvier 2025 (). Pop, Trip Hop, Alt-Pop
Album de Tahliah Debrett Barnett (FKA twigs)
Annotation :
Electronic Dance Music / Art Pop / Trance / Alternative R&B / Dance-Pop / Downtempo / Glitch Pop
Je n'attendais pas grand chose de ce nouveau FKA twigs, car je n'ai jamais accroché à la musique de l'artiste. L'écoute du single Eusexua (et de son clip très bizarre) n'a rien fait pour me rassurer, mais au final ce troisième album de FKA twigs n'est pas si mauvais et s'avère même régulièrement accrocheur. Il faut dire que la chanteuse a troqué son art pop r&b affecté pour des sonorités et des rythmes électro et dance. Si on ajoute à cela quelques aspects glitch pop, le résultat me fait parfois penser à yeule, dans ce mélange de sonorités synthétiques franches et radicales et de chant hyper sensible. EUSEXUA tend peut-être plus vers une sorte de techno minimaliste qui la singularise (comme sur le très entraînant Room Of Fools), mais il y a une même volonté de recherche sonore avec des idées et des motifs marquants, à l'image de cette rythmique martiale sur Drums of Death. L'ensemble me paraît quand même moins original que Magdalene, et ressemble presque à un exutoire forcément accrocheur mais finalement convenu et sans réelle surprise sur la forme. L'album est ainsi parcouru de tubes taillés pour le dancefloor qui restent très bons dans leur domaine, notamment grâce à une production impeccable, mais ne tranchent guère avec ce que l'on peut entendre chez d'autres artistes. Enfin, je ne me plains pas trop car c'est en partie ce qui rend l'album accessible et moins froid que Magdalene. L'originalité est plutôt à chercher du côté des titres plus minimalistes et calmes qui renouent d'une certaine manière avec l'esprit de Magdalene mais avec l'apport de la dimension electro / techno, le mélange créant un résultat moins affecté, plus surprenant, avec des ruptures ou des contrastes plus marqués, je pense notamment à Sticky, douceur inquiétante, ou à Eusexua, qui rayonne dans le contexte de l'album, avec son chant hyper sensible - FKA twigs est une interprète unique en son genre, qui me rappelle par moment et de manière étonnante, Kate Bush. Plus loin, on retrouve le très bon Striptease (le age le plus katebushien), sans doute la meilleure rencontre des influences qui traversent l'album. EUSEXUA m'a réconcilié avec la musique de FKA Twigs, même s'il me me laisse par moment la sensation étrange de n'être qu'une ade, l'artiste ne s'éternisera peut-être pas dans ce genre electro / trance qui semble parfois trop formaté pour son expression artistique.
Journal d’un Loup-Garou (2025)
Sortie : 24 janvier 2025 ().
Album de Lou-Adriane Cassidy
Annotation :
Chanson québécoise / Indie Pop / Art Pop / Chamber Pop / Synthpop
Cet album est vraiment une belle découverte, de la part d'une artiste québécoise que je ne connaissais pas. Mais ce n'est pas étonnant étant donné le peu de promotion accordée aux artistes québécois dans notre pays (quelqu'un a déjà vu Klo Pelgag à la télé française ?). Lou-Adriane Cassidy confirme en tout cas que la bonne chanson francophone est plutôt à chercher du côté de la scène québécoise. Journal d'un Loup-Garou est un excellent album de pop entraînante, aux mélodies accrocheuses, sublimée par une production très maîtrisée et des arrangements riches. Et il y a aussi une énergie assez irrésistible, quelque chose de spontané qui est immédiatement attachant. On sent que Lou-Adriane Cassidy a une appétence pour le rock - cela s'entend sur ses précédents albums - et pour une musique aux accroches évidentes et directes. Ses morceaux sont très purs, très lisibles, ce qui les rend facilement mémorables. Le petit plus qui transcende une formule qui pourrait être classique, ce sont les ambiances et le travail sur le son et les arrangements. Les influences de Lou-Adrianne Cassidy sont extrêmement variées, peut-être plus encore sur ce nouvel album, sa musique navigant entre l'indie pop immédiate, la chanson à texte, un esprit plus arty et des sonorités synthétiques, le tout fusionnant avec un équilibre idéal - l'album ne paraît jamais artificiel malgré plusieurs rythmiques synthpop. Il faut dire que la voix très belle et nette apporte énormément de sensibilité et de musicalité. Et puis l'inventivité des arrangements surprend souvent, on n'entendra jamais ces audaces sonores, ces visions et ces ambiances chez les artistes français(es) - même si Pomme frôle parfois ce niveau. C'est ambitieux et assez puissant. Les quatre premiers morceaux sont fantastiques - il y a d'ailleurs une vibe Clara Luciani sur Dis-moi dis-moi dis-moi mais transcendée par l'énergie et l'ambiance des arrangements de cordes - avec une mention pour Je pars en vacances, son rythme chaloupé, sa mélodie et ses chœurs irrésistibles (ce titre me fait penser à Sufjan Stevens, c'est dire). Plus loin, Chanson pour Odile est le genre de titre qui peut sembler anodin, plus chill que d'autres tubes, mais que je trouve sublime et incroyablement émouvant. La musique de Lou-Adriane Cassidy dégage une sincérité et une sensibilité d'autant plus touchantes que tout cela est emballé dans une pop mélodique vivifiante et bourrée d'idées.
Cowards (2025)
Sortie : 7 février 2025 ().
Album de Squid
Annotation :
Post-Rock / Windmill Scene / Art Rock / Experimental Rock / Krautrock / Post-Punk / Art Punk
A l'instar de Black midi et Black Country, New Road, Squid opère sa mue au fil des albums en transformant petit à petit son post-punk originel en art rock plus varié, plus posé et cérébral. Cowards est ainsi l'album le plus accessible du groupe, et, sans surprises, celui que je prends le plus plaisir à écouter. Le titre d'ouverture, Crispy Skin, est représentatif de ce changement de direction, avec son motif immédiatement intrigant et accrocheur (au clavecin ? en tout cas une sonorité proche) qui parcourt le morceau de manière obsédante. L'instrumentation est plus variée que par le é, notamment avec la présence accrue du piano - même si l'énergie conserve une tension rock entraînante. Plus loin sur l'album, on retrouve également des cordes, du violon, du bugle, et de manière générale des arrangements plus réfléchis et moins frontaux que sur les deux précédents albums de Squid, avec par instant des tonalités jazzy. L'idée est vraiment de marier les oripeaux de l'esprit post-punk du groupe, dans l'énergie et dans la bizarrerie frontale, avec une approche ouverte sur d'autres influences, plus réfléchie et visiblement plus écrite. Cowards est très cohérent de ce point de vue, l'ensemble est homogène en termes de sonorités et d'écriture. Cela étant dit, même si c'est le Squid que je préfère jusque-là, j'ai encore du mal à trouver les morceaux marquants. Crispy Skin est de loin le titre le plus mémorable de l'album. On peut aussi citer l'hypnotique Cro-Magnon Man (surtout le final avec ces paroles répétées en boucle), aux influences krautrock, et Showtime!, jolie fusion de la nervosité du groupe et des influences plus originales et expérimentales de l'album. Mais si ce n'est jamais désagréable à écouter, les morceaux ne transforment jamais l'essai malgré les écoutes. Le groupe reste dans un registre maîtrisé, bien exécuté, mais jamais transcendant. J'avais déjà remarqué cela sur O Monolith : l'impression de voir des structures bien élaborées mais qui tournent parfois à vide et ne trouvent pas de progressions et de conclusions satisfaisantes. Il y a aussi le fait que Squid est visiblement un groupe de bons instrumentistes mais de médiocres mélodistes, ce qui explique à mon avis qu'aucun morceau n'est mémorable. On pourrait s'attendre à ce que certaines parties se révèlent au fil des écoutes, mais il n'en est rien, l'album plafonne dans le registre "c'est pas mal".
Sharon Van Etten & The Attachment Theory (2025)
Sortie : 7 février 2025 ().
Album de The Attachment Theory
Annotation :
Indie Rock / New Wave / Post-Punk Revival / Dream Pop
Reservoir of Love (2025)
Sortie : 7 février 2025 ().
Album de Shannon Wright
Annotation :
Art Rock / Alternative Rock
Si j'ai eu l'occasion d'écouter Honeybee Girls, album de Shannon Wright sorti en 2009, j'avoue n'en avoir gardé aucun souvenir. Reservoir of Love constitue donc une quasi découverte pour moi, et c'est une agréable surprise. Je ne m'attendais pas à écouter une musique aussi personnelle avec un univers sonore si affirmé. Et en même temps Reservoir of Love peut surprendre par sa structure parfois bancale, que l'on doit notamment à sa courte durée (33 minutes) et à son alternance de morceaux rock saturés et de titres calmes et émouvants. L'album ressemble à un recueil de titres, qui semblent a priori n'avoir aucun lien, mais dégagent malgré tout un condensé pur de l'univers de Shannon Wright. Reservoir of Love sonne comme un exutoire qui ne s'embarrasse d'aucun formalisme et livre ses morceaux de manière brute et directe. La musique surprend donc pas ses parti-pris tranchés, à commencer par sa saturation prononcée sur les titres rock, et ce dès l'introduction qui rappelle King Hannah par la lenteur et la lourdeur du rythme - même si la comparaison souvent faite entre Shannon Wright et PJ Harvey est sans doute plus valable de manière générale. Weight of the Sun et Ballad of a Heist rappellent en effet l'énergie de Dry ou Rid of Me. Cela étant dit, les titres rock ne sont pas les meilleurs de l'album, car ils restent sommaires avec leurs motifs répétitifs. La singularité de l'album est plutôt à chercher du côté des morceaux plus calmes qui brillent par leur instrumentation, leurs arrangements et leur production, que ce soit l'orgue et les cordes inquiétantes de Countless Days ou le piano limpide de Something Borrowed - très influencé par Yann Tiersen (j'ai vu après coup que Shannon Wright et Tiersen ont sorti un album ensemble en 2004, ce qui a conforté mon impression). Mountains et Shadows brillent également grâce à un équilibre maîtrisé, entre des rythmiques mid-tempo et des progressions bien dosées, débutant sur une mélancolie aux motifs lancinants pour déboucher sur des climax plus nerveux. Au final, Reservoir of Love est un album qui semble à la fois modeste par son ambition mais incroyablement évocateur et régulièrement magnétique.
choke enough (2025)
Sortie : 7 février 2025 ().
Album de Oklou
Annotation :
Alt-Pop / Electronic / Alternative R&B / Ambient Trance / Indietronica
Je ne connaissais pas Oklou, pourtant elle a l'air d'avoir une petite réputation depuis la sortie de la mixtape Galore en 2020. Et c'est une artiste française qui a l'air de bien s'exporter au-delà des frontières de notre pays. Il faut dire que la musique d'Oklou est plus influencée par l'alt-pop electro anglo-saxonne que par la chanson française. Les morceaux de choke enough ne dépareillent pas dans le paysage pop international. C'est d'ailleurs ce que je craignais avant d'écouter l'album, car je n'ai pas une appétence pour ce genre de pop marquée par les sonorités électroniques - même si j'arrive à comprendre et mieux apprécier certain(e)s artistes comme Caroline Polachek, Yeule, ou le dernier FKA Twigs, qui partagent quelques similitudes avec la musique d'Oklou. Cela étant dit, choke enough surprend par la singularité de son univers sonore, le minimalisme de ses ambiances electro et la sensibilité qui ressort de la voix d'Oklou. C'est une musique très douce, souvent calme, apportant un soin énorme à l'élaboration d'atmosphères intimistes et envoutantes. Le sens mélodique est très affuté, la science des arrangements, de la production et du craft de sonorités électroniques est irable. Les premiers titres sont vraiment excellents, avec en point d'orgue le fantastique obvious, petite sucrerie minimaliste dont l'ambiance semble influencée par les musiques de jeux vidéo (dans un style vaguement proche des OST de Final Fantasy), tout en rappelant aussi l'écriture de Spellling. Juste après, ict, ses trompettes en sourdine et son final délicat (encore reminiscent d'un thème de RPG), souligne à nouveau la richesse de la palette sonore d'Oklou, véritable architecte de symphonies electro de poche. Dommage que la seconde partie de l'album me plaise moins. L'écriture d'Oklou laisse aussi une grande place aux rythmes marqués, plus convenus à mon goût, les influences r&b - notamment dans le chant - ressortant plus nettement. Les morceaux se font alors moins singuliers et intimistes. Je crois que ce qui me plaît le plus chez Oklou est ce qui peut paraître accessoire. Je n'échangerais pas dix barils de harvest sky contre un baril de obvious. Je préfère de loin les visions sonores étranges aux tubes plus entraînants. Du coup, il y a au moins la moitié de l'album qui me laisse indifférent. Mais dans l'ensemble, Oklou possède un univers intrigant et attachant, bourré de personnalité.
House In The Woods (2025)
Sortie : 7 février 2025 (). Rock, Post Rock, Electronic
Album de Low Roar
Annotation :
Ambient Pop / Indie Folk / Folktronica / Slowcore / Ambient / Chamber Folk
C'est la première fois que j'écoute Low Roar, groupe d'indie folk atmosphérique qui est surtout connu pour avoir participé à la composition de l'OST du jeu Death Stranding - après que Kojima ait découvert la musique du groupe lors d'un séjour en Islande. House in the Woods est le sixième album de Low Roar, et malheureusement c'est un album publié à titre posthume puisque le chanteur et leader Ryan Karazija est décédé en octobre 2022 des suites d'une pneumonie. Le travail sur un nouvel album avait été annoncé un mois plus tôt, en septembre 2022. Il a fallu deux ans aux autres membres du groupe pour boucler le projet qui est présenté ici. Ecouter House in the Woods en ayant ce contexte à l'esprit renforce naturellement l'atmosphère bouleversante de la musique, transforme les plages de calme en errances introspectives et les rares envolées en éclats déchirants. L'album est ainsi une lente et longue traversée sonore dans un univers aux ambiances éthérées, produites dans un registre folk relativement calme et dépouillé dans l'esprit, mais soigneusement arrangé et réhaussé d'accompagnements qui font basculer l'ensemble vers l'ambient, sans jamais trahir l'essence très naturelle et pure de l'instrumentation et de la voix - le titre et la pochette de l'album étant fidèles aux intentions du groupe. Pour avoir vite fait écouter quelques morceaux de O, album le plus connu de Low Roar, on est ici dans un registre beaucoup plus folk, plus vibrant et chaleureux, et moins proche de l'art pop aux sonorités électroniques. Si le résultat est réussi et touchant - difficile de ne pas être ému par le contexte entourant l'album - il accuse malgré tout certaines longueurs. Les deux premiers titres sortent du lot car ils contiennent des ruptures et des élans enivrants, formule qui disparait par la suite pour laisser la place à des morceaux dont les thèmes et les ambiance se mélangent et peinent à émerger, ne formant qu'une longue suite calme composée de quelques notes de piano en suspension sur des motifs ambient éthéré (avec la voix de Karazjia en fil rouge). C'est beau, mais j'aurais tellement aimé avoir des épiphanies, ressentir plus profondément la tristesse insondable qui affleure des morceaux mais reste dans une retenue parfois trop feutrée. House in the Woods n'en demeure pas moins un hommage bouleversant et un magnifique album en forme d'adieu à Ryan Karazija.
Anything At All (2025)
Sortie : 14 février 2025 ().
Album de Denison Witmer
Annotation :
Indie Folk / Chamber Folk
Autant le dire tout de suite, j'ai écouté cet album car Sufjan Stevens apparaît sur deux morceaux. Je ne connaissais pas Denison Witmer avant cela. Anything At All s'avère être un bon album folk, et on voit immédiatement les accointances entre la musique de Denison Witmer et celle de Sufjan Stevens, les deux artistes partageant un même amour pour les ambiances pastorales et bucoliques. Le style de Witmer est néanmoins beaucoup plus classique - mais peu peuvent prétendre être au niveau de Stevens. Anything At All est donc une jolie collection de morceaux folk délicats, sans réelle surprise mais soigneusement arrangés, produits et interprétés, le tout baignant dans une atmosphère lumineuse, parcourue d'instruments rayonnants. L'écriture manque juste d'éclat et de mélodies marquantes et d'un supplément d'émotions, malgré la sensibilité et la justesse de la voix de Witmer. Mais on e un agréable moment à l'écoute de l'album, et si on flirte avec un côté lisse, on ne s'ennuie jamais car tout est très bien crafté et produit. Et puis, les morceaux avec Sufjan Stevens sont très bons, notamment l'incroyable Shade I'll Never See, dont l'énergie positive contribue à illuminer le reste de l'album. On y retrouve l'instrumentation en cascade (notamment ces flutes) que l'on n'avait plus entendu chez Sufjan Stevens depuis Illinoise. Dans la foulée, Witmer se fend de l'excellent Slow Motion Snow, pièce maîtresse de l'album avec ses 8 minutes : la structure est plutôt classique et linéaire, mais l'ambiance est très réussie - comme partout ailleurs sur l'album mais avec une maîtrise supplémentaire concernant le développement et le rythme très progressif, le final s'éteignant tranquillement sur des choeurs et des notes d'ambient nostalgiques (ce qui n'est pas sans rappeler à nouveau Sufjan Stevens) constituant sans doute le climax de l'album. Au final, si Anything At All n'apparaît pas incontournable, les quelques saillies méritent le détour, surtout si on est fan de Sufjan Stevens.
Constellations for the Lonely (2025)
Sortie : 28 février 2025 (). Rock, Alternative Rock, Indie Rock
Album de Doves
Annotation :
Indie Rock / Post-Britpop / Neo-Psychedelia / Dream Pop
J'ai une immense sympathique pour Doves, groupe irable pour sa constance, son énergie et son amour indéfectible pour le rock dans ce qu'il a de plus limpide - limpide car le groupe semble jouer la même musique depuis ses débuts, en restant fidèle à une écriture centrée autour des guitares électriques et des instruments rock "classiques". Mais au-delà de ces apparences, Doves s'applique à composer une musique plus singulière qu'il n'y paraît : on y retrouve toujours une énergie atypique, une appétence pour les atmosphères élaborées et des structures d'une fluidité à toute épreuve qui semblent évoluer, tout en se concentrant, comme un vortex, sans jamais ou presque proposer des ruptures ou des couplets / refrains lisibles. Constellations for the Lonely s'inscrit à nouveau dans cette lignée. Cet équilibre entre morceaux a priori classiques et énergie brillante et contagieuse produit un résultat que je trouve toujours aussi plaisant à écouter. Chez d'autres, on pourrait avoir l'impression que le groupe se contente de dérouler sa musique habituelle, mais chez Doves il se e toujours quelque chose d'intéressant, d'intrigant, des atmosphères puissantes, des mélodies efficaces (avec ce petit parfum britpop qui fait aussi le charme du groupe), une dynamique entraînante, des arrangements audacieux qui flirtent parfois ici avec le space rock (Strange Weather). J'ai été surpris d'entendre un autre chanteur que Jimi Goodwin sur certains morceaux. J'imagine que ça doit être un des autres membres du groupe (Jez ou Andy Williams) mais la voix me fait surtout penser au chanteur de Turin Brakes. C'est un détail mais je trouve que ça donne une autre couleur à l'album, même si ça ne bouleverse pas la musique de Doves. Il me manque, comme souvent, des titres plus marquants - c'est le revers de la médaille quand on reste dans un registre plutôt classique - mais je crois que ce n'est pas le plus important, car l'essentiel reste le feeling unique que dégage la musique de Doves, qui est plus une affaire d'alchimie, de subtilité et de détails, de générosité, que de pures fulgurances. A Drop in the Ocean et Orlando sont un peu plus faibles, mais le reste de l'album est d'une homogénéité irable dans la qualité.
Luminescent Creatures (2025)
Sortie : 28 février 2025 (). Chamber Folk
Album de Ichiko Aoba
Annotation :
Chamber Folk / New Age / Ambient / Nature Recordings
J'ai encore du mal avec la musique de Ichiko Aoba. Luminescent Creatures tourne en boucle depuis un peu plus d'une semaine, mais il n'y a rien à faire, les chansons ne s'impriment pas. Et c'était pareil pour Windswept Adan, l'album précédent. J'ai envie d'aimer cette musique, car tout est intrigant et singulier à la première écoute - l'univers de l'artiste dégage quelque chose de pur et fragile, aussi très évocateur d'un folklore japonais pastoral qui touchera les nombreux amoureux du pays du soleil levant, rayon douceur ésotérique. C'est beau, composé avec un soin quasi obsessionnel pour les arpèges cristallins et la pureté du chant. Mais c'est aussi trop lisse, à mon goût : rien ne dée jamais dans la musique de Ichiko Aoba, tout est propre et bien rangé, à sa place. Et on attend une épiphanie qui ne vient jamais, car tout est lumineux, constant, régulier, sans ruptures de tons ni points d'accroche qui viendraient apporter des contrastes et un peu d'ombre. Par moment, j'ai l'impression de toucher du doigt ce qui semble toucher beaucoup de monde chez l'artiste japonaise - cette beauté éthérée et calme qui infuse avec sérénité - mais c'est pour mieux m'échapper l'écoute suivante. Je pige l'idée globale, l'accent mis sur les atmosphères, et Luminescent Creatures est peut-être encore plus ambient et homogène que son prédécesseur (mais peut-être moins riche en même temps). Je comprends l'attirance que l'on peut avoir pour la musique de Ichiko Aoba, mais dans mon esprit, on vient plus pour une ambiance, un feeling général, que pour des mélodies en particulier, et c'est sans doute ce qui me gêne le plus chez cette artiste - et si j'apprécie l'atmosphère et que je continuerai à être curieux de la production de Ichiko Aoba, son univers ne m'émeut toujours pas.
La Brea (2025)
Sortie : 1 mars 2025 ().
Album de Hesse Kassel
Annotation :
Post-Rock / Art Rock / Noise Rock / Experimental Rock / Jazz-Rock
Album d'un groupe de rock chilien qui emprunte beaucoup à Black Country New Road - dans un style à mi-chemin entre For the First Time et Ants From Up There, mais peut-être plus proche du premier que du second. On a droit à de longs morceaux avec des ages ponctuellement nerveux, une tension sur le fil, et une approche qui privilégie la puissance des atmosphères à l'aspect mélodique, et bien sûr on retrouve l'incontournable saxophone qui tisse des liens immédiats avec la windmill scene. C'est fou à quel point cet instrument est désormais connoté à un genre né hier. Il doit y avoir une manière d'utiliser, de faire sonner le saxophone qui fait directement penser à ce style de rock avant autre chose. Les ressemblances avec BCNR sont parfois trop prégnantes (écouter l'intro d'Anova sans s'attendre à un morceau de BCNR, sacré défi), et on ne retrouve pas des envolées comme Concorde, mais je trouve que Hesse Kassel s'en sort bien et délivre des titres intéressants : c'est même assez fort pour un album aussi long (78 minutes) composé de titres à rallonge (10 à 13 minutes). Le groupe dégage un certain magnétisme, notamment via la voix du chanteur et des motifs plutôt simples et répétitifs qui créent une dynamique lente mais hypnotique qui prend le temps de déployer ses effets. En cela, Hesse Kassel se démarque pas mal de BCNR, la dynamique des morceaux étant quand même différente. Je trouve que le groupe tire parfois aussi vers le hard rock pur - voire avec un côté RATM (le pont de Postparto, le riff d'intro saturé de En Tiempo Muerte qui semble annoncer Killing in the Name) - les ages vraiment nerveux étant peut-être plus convenus que chez BCNR, empruntant également au noise saturé. Cela étant dit, et malgré un Postparto introductif assez tendu et raide, La Brea s'avère plutôt calme - les accélérations et les guitares saturées étant plutôt en contrepoint des ages calmes se développant sur la longueur, notamment avec des parties de piano assez inspirées. La musique dégage une synergie très agréable, trouvant un équilibre idéal entre les divers éléments et influences. Il y a vraiment de superbes ages, comme le final de En Tiempo Muerte et son piano tourbillonnant avec le saxophone. J'aurais aimé davantage de moments aussi inspirés - ça manque quand même de mélodies mémorables et le chant est plus proche du spokenword que de la mélopée - mais dans l'ensemble La Brea vaut le coup d'œil.
For Melancholy Brunettes (& sad women) (2025)
Sortie : 21 mars 2025 ().
Album de Japanese Breakfast
Annotation :
Indie Folk / Indie Rock / Chamber Pop / Alt-Country / Chamber Folk
Je n'avais pas accroché plus que cela à Jubilee - exception faite de l'excellent Kokomo, IN, qui justifie presque à lui seul l'écoute de cet album, et témoigne de l'incroyable talent de Japanese Breakfast pour crafter des morceaux indie pop désarmants (on peut rajouter au age Paprika et le final Posing For Cars). Il ne m'en faut pas plus pour suivre avec intérêt une artiste, en espérant tomber sur de nouvelles merveilles. Ce nouvel album est accueilli plus fraîchement que Jubilee en son temps, et je dois avouer tout de suite qu'effectivement il ne renferme pas de pépites de la trempe de Kokomo, IN. Malgré tout, ce For Melancholy Brunettes n'est pas dénué de charme, il s'avère même plus homogène et cohérent que son prédécesseur. L'important, ici, n'est pas tant le fait d'en mettre plein la vue mais plutôt de proposer une atmosphère délicate, constante - approche peut-être héritée de la composition de l'OST du jeu vidéo Sable. On n'est pas non plus dans l'ambient, les morceaux sont évidents, bien découpés, structurés comme on peut s'y attendre dans un album indie pop folk - le tout est d'ailleurs plutôt concis et court (morceaux de 3 minutes et album de 32 minutes) - mais il y a en tout cas une attention particulière portée aux arrangements et à l'osmose des ambiances. Dès le début, les cordes se déploient et dégagent une atmosphère de musique asiatique tout en douceur et en vibes enveloppantes et réconfortantes. Les deux premiers morceaux (Here Is Someone et Orlando in Love) paraissent anodins, pourtant ils sont sublimes et d'une incroyable finesse dans les détails. Honey Water, qui enchaîne, est sans doute le pic de l'album et le morceau qui émerge le plus du lot, par son rythme plus percutant et son final shoegaze nerveux qui tranche avec le calme de l'album - sans pour autant briser l'harmonie, grâce à un effet hypnotique réussi. Ce run d'intro est vraiment bon. Mais c'est vrai que l'homogénéité de l'ensemble, et le songwriting constant, toujours plus ou moins sur le même mode, crée parfois un faux rythme, avec quelques creux (l'enchaînement Little Girl / Leda est un peu faible et trop mou). Mais la fin de l'album, sans apporter de véritables ruptures, perpétue avec une jolie grâce l'ambiance délicate et sensible de l'album qui s'apparente à une balade attachante dans un univers débordant de charme, crafté avec un véritable amour.
Portrait of My Heart (2025)
Sortie : 28 mars 2025 ().
Album de Spellling
Annotation :
Alternative Rock / Pop Rock / Progressive Pop / Art Rock / Post-Punk Revival
Fidèle à sa réputation d'artiste déroutante, Spellling propose un nouvel album qui n'a pas grand chose à voir avec ses deux prédécesseurs. J'exagère un peu, car l'ambiance singulière de l'univers de Chrystia Cabral est toujours présente : que ce soit la voix atypique de la chanteuse ou sa personnalité lunaire qui se traduit dans une musique reconnaissable entre mille. Mais l'artiste s'attaque cette fois-ci à un registre plus convenu, le rock alternatif - ce qui est à la fois original sans l'être puisque j'ai l'impression que c'est devenu un gimmick répandu chez les artistes (féminines le plus souvent) dont la frénésie touche à tout semble être à la fois une manière d'affirmer leur liberté artistique et un signe extérieur de génie forcé. C'est très bien si c'est un plaisir pour les artistes en question, après tout elles font ce qu'elles veulent, mais je trouve que le résultat est rarement bouleversant ou mémorable. Spellling ne fait malheureusement pas exception. Portrait of My Heart est un album tout à fait correct - et certains pourront le trouver bon - mais il s'avère être sans surprises, et malgré des écoutes répétées, aucun moment, ni aucun titre ne se révèle. Les morceaux sont assez plats et trop homogènes en termes d'écriture et d'énergie. L'album manque du grain de folie si cher à Spellling, il n'y a pas suffisamment de ruptures, de moments étranges, habituels chez l'artiste, et qui aurait pu ici apporter une touche d'originalité et de fraîcheur à un genre de rock assez rebattu. On a en effet droit à des guitares électriques et des rythmiques mises en avant, dans un registre saturé centré sur des progressions d'accord basiques et linéaires. C'est en tout cas la sensation qui prédomine, la faute à une production trop homogène, qui manque de légèreté et de contrastes - on a quand même l'impression d'écouter souvent le même morceau et de ne jamais s'extirper d'une masse uniforme. Alors qu'il y a évidemment des idées dans cette musique. On pourra retenir le titre d'intro qui donne son nom à l'album. Par la suite, je trouve qu'aucun morceau ne brille et reste en mémoire, même si l'énergie fonctionne bien, notamment sur Waterfall ou Destiny Archives (qui renoue avec l'esprit soul r&b de The Turning Wheel). Mais l'album ne me touche pas vraiment, je n'y perçois pas la sensibilité habituelle de Spellling. Et je ne me laisserai pas soudoyer par la reprise finale de Sometimes.
Dan’s Boogie (2025)
Sortie : 28 mars 2025 ().
Album de Destroyer
Annotation :
Art Rock / Art Pop / Neo-Psychedelia / Sophisti-Pop / Chamber Pop
J'étais é un peu à côté de Labyrinthitis, dans le sens où cet album ne m'avait pas accroché - chose a priori incompréhensible puisque j'adore Destroyer et que Labyrinthitis a plutôt bonne réputation. On ne sait jamais trop à quoi s'attendre avec Dan Bejar, c'est pour cela que malgré les déceptions éventuelles, je serai toujours curieux d'écouter la musique du bonhomme, mais aussi car je sais qu'au bout du compte, les bonnes surprises répondront toujours présentes, la preuve avec ce Dan's Boogie vraiment étonnant. Oui, on pourra toujours faire confiance à Dan Bejar pour continuer à composer une musique inspirée, riche, mélodique, étrange, fantaisiste et puissante. Et chaque nouvelle preuve que le gars n'a rien perdu de sa verve originelle, malgré les années, est une source perpétuelle de bonheur et d'enchantement. J'avais beaucoup aimé Have We Met, malgré les critiques, mais Dan's Boogie me semble encore supérieur et renoue avec un esprit que l'on n'avait plus entendu chez Bejar depuis Poison Season, avec un accent mis sur des ambiances chiadées et une énergie puissante, à mi-chemin entre sophisti-pop mélodique et art rock conquérant. Les visions soniques incroyables s'expriment une nouvelle fois, avec une précision, une netteté et une inspiration qui m'étonneront toujours. Cet univers, ces architectures sonores, c'est vraiment ce qui me plaît et me fascine le plus chez Destroyer, et Dan's Boogie remet le couvert, et deux fois plutôt qu'une, ne serait-ce qu'avec l'intro magnifique The Same Thing as Nothing at All et ses nappes de piano scintillant et cette ambiance glam art pop enivrante. La production est fantastique, on retrouve le Destroyer au son divin, capable de mettre en valeur ses morceaux grâce à une science des arrangements unique - chaque détail, chaque sonorité contribuant aux atmosphères envoutantes et émouvantes (ces notes cosmiques lors du break de The Ignoramus of Love, ce piano dans Dan's Boogie, le finish de Bologna, le motif irrésistible du rayonnant Cataract Time). J'ai réécouté Labyrinthitis pour l'occasion, et en fait cet album n'a pas un centième des idées sonores et des arrangements de Dan's Boogie - il y a une place excessive accordées à la new wave et/ou alternative dance - ce qui explique mon indifférence, là où Dan's Boogie renoue avec une approche mélodique et atmosphérique plus sensible, domaine dans lequel Dan Bejar n'a jamais perdu sa singularité.
Lonely People With Power (2025)
Sortie : 28 mars 2025 (). Black Metal, Post-Metal
Album de Deafheaven
Forever Howlong (2025)
Sortie : 4 avril 2025 (). Rock, Alternative Rock, Art Rock
Album de Black Country, New Road
Annotation :
Progressive Pop / Art Rock / Baroque Pop / Progressive Folk / Chamber Pop
C'est très compliqué d'aborder Forever Howlong et de l'apprécier à sa juste valeur, étant donné l'histoire récente du groupe. Je parle bien sûr du départ d'Isaac Wood, leader principal, après la sortie du monumental Ants From Up There, obligeant le groupe à se réinventer, notamment à travers la sortie du Live at Bush Hall puis maintenant avec ce nouvel album forcément très attendu et disséqué de près. Il était assez prévisible que Forever Howlong ne soit pas à la hauteur du culte. C'est très courageux de la part des membres restant de poursuivre l'aventure en continuant à assumer le nom du groupe - mais après tout Black Country, New Road, c'est aussi leur histoire. L'écoute des premiers singles n'était pas de bonne augure, ils ont suscité chez moi une réaction de dépit. On avait vu venir de loin l'approche plus légère, plus pop arty progressive, initiée par le Live at Bush Hall, mais j'espérais peut-être un sursaut, des chansons mieux construites, des progressions et des mélodies mieux arrangées et mises en valeur dans les conditions du studio. Malheureusement, ce n'est pas le cas. La musique de ce Black Country, New Road nouvelle version est toujours aussi bizarre et détraquée. Il y a un gros souci de structure donnant l'impression d'un groupe désarticulé, chacun jouant sa partition dans un coin du studio sans se soucier de l'harmonie globale des morceaux. Les titres semblent naviguer à vue, évoluer de manière chaotique, incapables de créer des dynamiques claires et de construire des climax intenses qui faisaient la force du groupe auparavant. Il faut un certain temps pour déer le sentiment de flou et de bordel agglutiné qui prédomine. Car cette nouvelle formule n'est pas dénuée de charme malgré tout - il y a moins de grandiloquence, moins d'enjeux, les instruments s'autorisant ainsi une liberté, des errances qui questionnent mais ne craignent pas les chemins de traverse semés d'embûches et de potentielles surprises, parfois proches d'un univers lunaire à la Joanna Newsom. J'ai par moment du mal à me défaire du sentiment que Forever Howlong ne sait pas trop où il va - et je regrette cette absence de ages et de mélodies cathartiques - mais l'idée réside sans doute dans ce foisonnement libérateur et ce bordel gentiment attachant qui finit par créer son propre sens au fil des écoutes. Le temps rendra peut-être justice à Forever Howlong.
Ginkgo (2025)
Sortie : 4 avril 2025 ().
Album de Panchiko
Annotation :
Indie Rock / Neo-Psychedelia / Post-Britpop / Dream Pop / Downtempo
Chaque année je tombe sur des groupes à l'histoire improbable qui m'étaient inconnus jusque-là. C'est donc au tour de Panchiko de débarquer avec ce qui est déjà leur 2ème album - le premier remontant à 2023. Sauf que l'histoire du groupe est beaucoup plus ancienne que cela et pour cause, le tout premier EP de Panchiko est sorti en 2000 mais est é totalement sous les radars jusqu'à ce qu'il ressorte par hasard sur les internets en 2016. Une longue recherche plus tard, afin de retrouver les membres du groupe, et voilà Panchiko reformé et relancé dans une tournée, puis dans l'enregistrement de nouveaux morceaux. Panchiko est donc un des groupes miraculés et ressuscités grâce à la magie du web. Mais cela valait-il, pour autant, la peine de remettre sur les rails un groupe qui n'a pas joué depuis 20 ans ? Au premier abord la musique ne semble pas présenter plus d'intérêt que le premier groupe d'indie rock / pop venu. S'il n'y avait pas toute l'histoire autour de Panchiko, on se serait sans doute pas autant attardé sur Ginkgo. Il y a là tous les aspects d'une pop bien emballée, légèrement dream pop, mettant l'accent sur les mélodies et les formats courts, mais sans paraître fulgurante ou transcendante - on cherche par moment la cohérence et l'identité du groupe, notamment au détour du 3ème morceau qui voit l'intervention de Billy Woods, le mix indie pop / hip hop ayant de forts effluves estampillées 2000's. C'est peut-être en sachant d'où vient Panchiko que l'on accepte plus facilement ses singularités rétro. Il n'y a clairement rien de révolutionnaire dans Gingko, ce n'est pas le nouveau trésor mis au jour par un groupe obscur resté trop longtemps caché, mais certains morceaux sont craftés et envoyés avec une énergie plutôt agréable et un esprit ludique qui se fait tout de même rare de nos jours. L'écriture est plutôt simple et linéaire ce qui peut donner l'impression que des titres de 3 minutes durent parfois trop longtemps, et en même temps les idées sont là, le charme fonctionne et le déclic s'opère - et l'esprit évoque étonnamment une britpop qui doit autant à Radiohead (époque The Bends) qu'aux Strokes (sur Vinegar), en apportant aussi une grande attention à la production et aux effets sonores à la vibe rêveuse et chill qui semblent s'épanouir sur la deuxième moitié de l'album. Gingko ressemble en fait à un petit laboratoire d'idées pop décousu mais sincèrement créatif.
SABLE, fABLE (2025)
Sortie : 11 avril 2025 (). Pop, Rock, Alternative Rock
Album de Bon Iver
Annotation :
Pop Soul / Art Pop / Indie Folk / Sophisti-Pop / Folktronica / Alternative R&B