La moyenne assez élevé du jeu ainsi que les retours critiques, majoritairement positif, me laisse pantois car personnellement, je n’ai pas du tout apprécié mon expérience sur cette œuvre qui ressemble plus à un début de démo technique qu’à un jeu fini.
Niveau visuel, si j’apprécie l’usage du cel-shading et le design de notre héroïne (Rei) qui se veut original, pour le reste, c’est franchement loupé. Les environnement sont fades, grandement dénués d’atmosphère et d’intérêt ; de plus, ils ont l’audace de se répéter. Rien ne se dégage non plus de la part des ennemis ou des quelques NPC si ce n’est qu’ils sont fades et qu’on a l’impression de les avoir déjà vu autre part, dans un meilleur jeu où ils étaient plus charismatiques.
Au niveau du son, c’est raté aussi. On entend à peine l’OST, hormis pour les soi-disant « combats de boss » (j’y reviendrais) où il y a un début de musique sympa mais qui reste bien trop calme et en retrait pour vraiment nous immerger dans l’action. Alors on pourra me dire que la musique peu présente est un choix volontaire et s’il est vrai que cela peut fonctionner pour certains jeux, ce n’est tout simplement pas le cas ici, à tel point que j’ai mis les musiques de Shadow of the Colossus pour donner un minimum d’ambiance au jeu.
Rien de mémorable niveau bruitage. Doublage anglais correct.
Puis vient le gameplay ;Solar Ash tente d’être plusieurs choses à la fois : un plateformer/jeu de marche/combat/course-exploration effréné mais il échoue en tout. Les combats ne sont tout simplement pas bon. Contre les ennemis de base, tout est trop simpliste et ennuyant : il suffit d’appuyer sur un ou deux boutons sans réfléchir et ça e crème. Mention spéciale au fait que le grappin en combat est conçu de tel manière qu’il casse tout rythme et simplifie encore plus les choses.
Quant aux combats de boss, ça essaye de reprendre les fantastiques combats du précédemment cité, Shadow of The Colossus, qui étaient des sortes de puzzle-combat épique qui demandait réflexion, coordination, patience, endurance… Dans Solar Ash il n’y a rien de tout ça : tout est linéaire, rapide, méga-scripté : on se contente de faire quelques sauts, d’appuyer sur la bonne touche quand le jeu nous le signale et c’est plié. Les combats sont extrêmement similaires les uns des autres, aucune réflexion n’est demandé. Et même si les soucis de gameplay peuvent ca quelques morts, pas de panique ! Le jeu est bourré de checkpoints, avec des packs de soin qui traînent un peu partout.
Quant à l’exploration-course, ça aurait pu être fun : patiner à toute vitesse, faire des sauts spectaculaires après une grosse accélération, grinder sur des rails, utiliser notre grappin pour nous balancer comme bon nous semble, tout cela fait rêver ! Mais dans les faits... Déjà, la sensation de vitesse est très faible même avec le boost, le grappin n’est activable que sur certains endroits bien précis (ce qui rend son utilisation très limité) mais le plus dérangeant, c’est l’impression que tout semble avoir été fait pour casser toute sensation de fun dans les déplacements.
Les sauts semblent toujours trop court, notre héroïne n’attrape quasiment jamais les parois quand elle le devrait (et quand elle le fait, l’animation est trop lente, cassant encore une fois le rythme), elle se bloque dès fois dans les éléments du décor sans raison, la caméra est quelques fois aux fraises, la portée du grappin n’est pas assez grande et son utilisation casse la petite sensation de vitesse qu’on avait péniblement réussi à construire, sauter de rail en rail (ce qui est demandé par le jeu) donne des résultats aléatoire car souvent Rei refuse de s’accrocher au rail suivant ou alors la caméra nous trahit et on tombe…
L’exploration ne fonctionne pas vraiment car le level-design est d’un ennui sans nom : aucune créativité ni surprise, vous avez probablement déjà fait ces niveaux dans d’autres jeux. De plus, à cause de la répétitivité de l’environnement évoqué plus haut, on a aussi parfois du mal à se repérer (le syndrome « Mais je suis déjà allé là non ? » répond présent ici) et la « carte » ne nous aide absolument pas (je la mets entre parenthèses car elle si inutile que j’ai honte de la qualifier de carte). Évidemment, on a aussi le classique « le jeu est trop court, vite, il faut artificiellement rallonger la durée de vie en rajoutant des obstacles inutiles, comme par exemple des interrupteurs à activer, placés au pif dans les niveaux».
Pour finir, l’histoire. Alors je vais être honnête, je n’ai pas fini Solar Ash ; je me suis arrêté vers la moitié quand j’ai vu que le jeu n’allait pas s’améliorer (répétant inlassablement sa petite boucle de gameplay) et surtout que je ne prenais aucun plaisir à y jouer.
Alors peut-être que j’ai arrêté au mauvais moment, que la narration allait soudainement devenir extraordinaire mais non seulement un jeu devrait être intéressant dès le début (et pas au bout de plusieurs heures) mais en plus, de ce que j’ai vu… C’est plat et majoritairement dénué de charme.
Quasiment aucune mise en scène (et quand il y a en elle se répète : les rencontres avec Echo, le réveil progressif des boss), quasiment aucune atmosphère ni ambiance dans les niveaux explorés ou dans les personnages rencontrés, des conversations en caméra fixe (même pas de champ-contrechamp) et la majorité des dialogues sont de l’exposition de scénario (on nous parle mollement de choses et d’individus au lieu de nous les montrer ou nous laisser interagir avec eux) ou un échange de banalités affligeantes. Alors oui, les petites expressions de l’IA, Cyd, sont sympathiques, le concept de l’histoire avait du potentiel (le sauvetage d’une planète qui part dans de l’horreur cosmique) et je vais être honnête, ça me saoule d’être aussi négatif sur ce point-là car la narration nous vient de Zoë Quinn, quelqu’un qui a tout mon respect .
Et enfin, le prix. Alors heureusement, j’ai testé Solar Ash gratuitement mais normalement, le jeu est à 40 euros. Ce qui je trouve est trop élevé même si on est prêt à pardonner ces nombreuses fautes. On trouve bien mieux pour moins cher.
Toutefois, ayant été très négatif, j’aimerais finir sur une note plus positive en conseillant des jeux similaires à celui-ci (sur certains aspects) mais bien plus réussi de mon point de vue.
- Shadow of The Colossus, clairement l'une des inspirations, est une œuvre tout simplement grandiose qui mérite d’être essayer par quiconque (l’original et non le remake raté) : que ce soit au niveau de l’ambiance, de la musique, de la direction artistique, du gameplay, on est face à un chef d’œuvre qui a raison, fait toujours parler de lui depuis 20 ans.
- Dans le genre jeu indépendant/plateformer/simulateur de marche avec une belle ambiance et une direction artistique réussi, Journey est à essayer ; cette œuvre a de grande chance de vous offrir une expérience mémorable, digne d’un très bon film d’animation.
- Au niveau du système de déplacement, il est intéressant de noter que le médiocre Sonic Frontiers s'est très inspiré de ce Solar Ash ; et si son scénario ainsi que sa direction artistique sont sans trop de surprise bien pire que le jeu de Rei, Sonic Frontiers bénéficie toutefois d’un gameplay moins simpliste et d’une bonne bande-son (qui mériterait un meilleur jeu mais je digresse).
- Enfin, si vous avez juste envie de vous balader/balancer/faire des bonds incroyables à travers une map de façon simple et agréable mais dans une ambiance totalement différente de Solar Ash, tourner vos regards vers certains jeux tiré adaptations de comic book ou inspiré par eux comme : Spider-Man le Règne des Ombres (sur 360 ou ps3), Infamous Second Son ou encore The Incredible Hulk : Ultimate Destruction.
- Enfin, What Remains of Edith Finch. Oui, c'est un jeu qui n'a pas grand chose à voir avec Solar Ash (hormis que c'est un simulateur de marche indé édité par Annapurna Interactive) mais je recommande toujours cette pépite qui possède une histoire extrêmement bien écrite avec une mise en scène impeccable; l'un des meilleurs scénarios que j'ai vu dans le jeu vidéo (oui rien que ça!).